Ostéopathie en Oncologie

On estime à 399 500 le nombre de nouveaux cas de cancer diagnostiqués en 2017 en France. Les taux d’incidence sont estimés à 353,2 pour 100 000 hommes et 284,5 pour 100 000 femmes(1). La plainte la plus courante, chez les patients atteints de cancer, est la douleur chronique, avec une incidence comprise entre 83% et 93% chez les personnes âgées(2). Compte tenu de la complexité médicale des patients atteints d’un cancer, la gestion de la douleur n’est pas simple et constitue l’un des aspects les plus importants des soins en oncologie(3). La douleur a une prévalence comprise entre 40% et 90% chez les patients en oncologie(4). Le traitement du cancer chez les patients doit être personnalisé en raison de la diversité de la population en termes d’espérance de vie, de déficiences fonctionnelles, de facteurs sociaux, économiques et émotionnels(5). Dans certains établissements de soins en oncologie, les patients ne reçoivent généralement qu’un soutien pharmacologique pour faire face à la douleur chronique(6). Il pourrait être utile d’introduire quelques stratégies alternatives permettant de soulager la douleur cancéreuse(7); La thérapie par médecine complémentaire et alternative est en train de devenir un concept important pour la gestion de la douleur chez les patients cancéreux(8). Selon une étude américaine, 48% des patients traités par chimiothérapie et radiothérapie ont recours à des médecines complémentaires(9). Parmi elles, on retrouve souvent l’ostéopathie(10) reconnu comme moyen non pharmacologique dans le traitement de la douleur chronique chez les personnes âgées(11) (12) (13).

Plusieurs études ont récemment testé l’intérêt de l’ostéopathie en tant que thérapie complémentaire dans un service d’oncologie. Les résultats se sont avérés positifs sur la qualité de vie, les perturbations du sommeil, les dyspnées, la diminution des effets secondaires pendant la période de chimiothérapie(14) (15). Une des études(15) montre qu’un suivi ostéopathique chez les patients sous chimiothérapie a permis de réduire les symptômes de douleur dans 66 % des cas, la fatigue dans 61 % et les nausées-vomissements dans 56 %. D’autres études (16) (17) (18) ont observé que le traitement ostéopathique de la région hépatique permettait de diminuer l’ensemble des symptômes digestifs ressentis par les patients (nausées, vomissements, diarrhées et constipation). Enfin des études (19) (20), ont montré une efficacité notable de l’ostéopathie à réduite la douleur chez les patients cancéreux.

L’ostéopathie ne peut donc pas guérir des affections telles que le cancer, mais elle peut avoir une action sur les conséquences de cette pathologie ; en particulier sur les douleurs, par la libération de tensions des structures environnantes. L’ostéopathe peut ainsi aider les patients à mieux récupérer après un traitement chirurgical, radiothérapique ou pour les effets secondaires de la chimiothérapie.

En respectant un des principes fondamentaux de l’ostéopathie, « l’unité du corps », l’ostéopathie va permettre de proposer au patient un traitement ostéopathique global, adapté à chacun. Il est primordial de pouvoir traiter le patient dans sa globalité car toutes les parties du corps sont reliées par la vascularisation, le système nerveux, le tissu conjonctif, le système lymphatique et hormonal. Cette démarche globaliste va permettre de prendre en charge à la fois les effets secondaires chimio-induits, les douleurs non liées à la chimiothérapie ou au cancer lui-même, qui peuvent également perturber la qualité de vie des patients.

Compte tenu du rôle essentiel du foie dans le métabolisme des agents anti-cancéreux et dans la fonction digestive en général, si souvent perturbée pendant les périodes de traitement chimiothérapique, l’ostéopathe vérifiera automatique la région hépatique à chaque consultation.

Les mains de l’ostéopathe vont chercher, trouver et réharmoniser l’ensemble des structures perturbées dans leur mobilité afin de pouvoir aider en globalité les patients atteints de cancer sous traitement médical. Dès lors, l’ostéopathie peut être considérée dans cet environnement, comme une thérapie palliative complémentaire à ne pas négliger.

Bibliographie

Les activités du quotidien se révèlent parfois difficiles quand on est sujet à une sciatalgie et franchement handicapant chez la femme enceinte… Voyons un peu pourquoi votre grossesse vous prédispose à ce genre de péripétie et comment soulager cette douleur pendant la grossesse.

Mais qu’est-ce qu’une sciatalgie ?

La sciatalgie a été définie comme une douleur dans la région fessière (1) (2) souvent associé à des irradiations dans la partie postérieure de la cuisse (3). Le nombre de femmes souffrant de douleur sacro-iliaque pendant la grossesse est considérable, pouvant atteindre jusqu’à 95 % des femmes enceinte (4) (5) (6) (7) (8). La sciatalgie a un pronostic plus douloureux que la lombalgie (3). Elle est associée à des déficits physiques plus importants et elle est plus difficile à traiter que la lombalgie chez la femme enceinte (9). Ces résultats sont confirmés par l’étude menée par O. Kogstad (10) qui a montré que l’intensité de la douleur enregistrée pendant la grossesse était plus élevée chez les femmes souffrant de douleurs sacro-iliaques que chez les femmes souffrant de douleurs de dos (10). La douleur ressentie dans les fesses, les lombaires et les jambes est décrite comme une douleur constamment déchirante et sourde (5) (8). La capacité permanente à se déplacer, s’asseoir et/ou se tenir debout est considérablement réduite et entraîne des déficiences physiques considérables chez les patientes (9) (11) (12) (8). D’ailleurs, l’incidence des « douleurs sacro-iliaques entraînant une perte considérable des fonctions quotidiennes » a été rapporté chez environ 14 % des femmes (13). Malgré ces chiffres, on estime que plus de 50% des femmes bénéficient de peu ou pas d’intervention de gestion de la douleur (14) (15) (16). L’apparition de douleurs à la ceinture pelvienne commence souvent à la fin du premier trimestre et jusqu’au premier mois après l’accouchement (17) (18). Selon l’opinion générale, le pic de douleur se situe souvent entre la 24eme et la 36eme semaine de grossesse (17) (18).

Mais pourquoi ?

L’épidémiologie et la physiopathologie de la douleur lombo-pelvienne pendant la grossesse ont été examinées de manière approfondie (1) (23). Cependant, il existe encore des ambiguïtés concernant les examens complémentaires et les traitement appropriés à réaliser pendant la grossesse (24) (25) (26). Les préoccupations relatives au bien-être maternel et fœtal impliquent l’utilisation de schémas thérapeutiques préventifs et conservateurs (27). À ce jour, on sait peu de choses sur la prévention des douleurs de la ceinture pelvienne pendant la grossesse (1). Toutefois, plusieurs approches thérapeutiques ont été décrites dans la littérature médicale.

Les programmes de prévention enseignés aux femmes enceintes basés sur l’anatomie, l’ergonomie, les postures correctes, la relaxation et la gestion de la douleur favorisent la prise de conscience des avantages d’être actif et de prendre soin de soi, réduisent potentiellement la gravité des douleurs et l’invalidité qui en résulte (1) (28). Au Royaume-Uni, l’Institut national de la santé informe que « les cours en groupe de prévention de la douleur » contribuent à réduire les douleurs lombo-pelviennes pendant la grossesse (29). Les données sur la kinésithérapie dans la gestion de la douleur lombo-pelvienne pendant la grossesse sont équivoques. Les résultats de 2 méta-analyses récentes diffèrent l’un de l’autre (30) (31). L’exercice ne semble pas bénéficier aux patientes atteintes de sciatalgie (32) (33) (34) mais elle est souvent recommandé pendant la grossesse car il s’agit d’une intervention non invasive, peu risquée (35) et peu coûteuse, qui peut avoir des avantages en plus de soulager les maux de dos (29) (35) (36) (37). L’exercice prévient la prise de poids excessive chez la mère et le fœtus, prévient et contrôle le diabète gestationnel et améliore la santé cardiorespiratoire (35) (36). En 2018, une méta-analyse de onze études sur 2347 femmes enceintes (38), a montré que l’exercice physique réduit de 9% le risque de lombalgie pendant la grossesse et de plus de de 20% les congés maladies qui y sont associés mais il n’y a aucune preuve claire d’un effet sur les douleurs de la ceinture pelvienne et notamment les sciatalgies. Les dispositifs de soutien comme les ceintures pelviennes semblent pouvoir limiter la laxité des articulations sacro-iliaques et soulager les symptômes sans présenter de danger (39). Bien que les études utilisant le yoga pour soulager la sciatalgie au cours de la grossesse soient rares, la méta-analyse de populations non enceintes ayant des sciatalgies a mis en évidence des preuves de son efficacité (40). Deux études soutiennent l’utilisation de l’acupuncture pour la gestion de la sciatalgie pendant la grossesse (41) (42).

De plus en plus de femmes utilisent les médecines parallèles et complémentaires pendant leur grossesse, notamment des thérapies manuelles telles que le massage, la chiropractie et l’ostéopathie (43). En effet, les recherches indiquent que les femmes enceintes utilisent fréquemment des thérapies complémentaires pour gérer leurs problèmes liés à la grossesse (44).

L’ostéopathie, le meilleur allié de la femme enceinte

L’utilisation du traitement ostéopathique pendant la grossesse a une longue tradition. Des articles d’ostéopathie en obstétrique, ont été publiés dans la seconde moitié du siècle dernier, abordant de manière récurrente le thème de la réduction de la douleur pendant la grossesse (45) (46) (47).

D’un point de vue ostéopathique, la sciatalgie est secondaire à une instabilité des articulations sacro-iliaques. Klein et Sommerfeld (48) définissent une sacro iliaque instable comme une sacro-iliaque hypermobile causant des douleurs. Comme la sacro-iliaque est une articulation plane avec des arêtes et/ou des bosses, qui augmentent normalement la stabilité, une articulation sacro iliaque très lâche (ou très instable) entraîne un pseudo blocage à la fin de l’amplitude du mouvement. La sciatalgie est donc secondaire a un blocage de l’articulation sacro-iliaque par un verrouillage des surfaces articulaires (49). Ce schéma complexe constitue un défi de taille pour le thérapeute : traiter une articulation bloquée qui est avant tout hypermobile. Une articulation hypermobile en elle-même ne provoque pas de douleur, mais les structures qui l’entourent, telles que les ligaments, la capsule articulaire, les muscles ou même les nerfs, sont irritées (50) (51).

Il y a de plus en plus de preuves scientifiques que l’ostéopathie est bénéfique pour le traitement des femmes atteintes de lombo-sciatalgie (52) (53). En 2015, Majchrzycki et al. (53) ont examiné la littérature et conclu que l’ostéopathie semble être un traitement sûr et efficace contre les douleurs pelviennes et notamment les sciatalgies chez les femmes enceintes. En 2017, Franke et al. (52) ont signalé des preuves à l’appui du traitement ostéopathique pour la douleur et l’état fonctionnel de la lombo-sciatalgie chez les femmes enceintes. Les études récentes sur l’efficacité de l’ostéopathique sur les douleurs sacro-iliaques ont constaté que ostéopathie réduit les douleurs de sciatalgie et la progression du dysfonctionnement biomécanique pendant la grossesse (54) (55). En 2014, une étude (56) a montré que ostéopathie chez la femme enceinte réduisait de 68 % la douleur de sciatalgie et de lombalgie et améliorait l’incapacité fonctionnelle d’environ 28 %. Six études ont démontré des effets positifs en faveur du traitement ostéopathie contre la douleur des femmes enceintes (57) (58) (56) (59) (54). En ce qui concerne l’état fonctionnel, 5 études ont montré des effets positifs en faveur de l’ostéopathie (54) (57) (59) (58) (56). Rohrich (59) a prouvé que le traitement ostéopathique chez la femme enceinte entraîne une diminution de 60 % de l’intensité des douleurs.

Quels sont les bons conseils à adopter pour soulager votre sciatalgie et/ou douleur sacro-iliaque pendant votre grossesse ?

Dans un premier temps, ce que vous devez éviter de faire !

  • Ne restez pas immobiles sans bouger, cela pourrait au contraire aggraver la situation.
  • Attention à votre posture, évitez surtout les jambes croisées au travail, de creuser le bas du dos !
  • Ne pas porter de talons hauts (ils vont augmenter la courbure en extension des lombaires).
  • Ne pas porter de charges lourdes. Ne pratiquez pas les mêmes gestes qu’en dehors de votre grossesse, votre organisme a changé donc prenez en compte.
  • Ne pensez pas que cette sciatalgie passera toute seule, car c’est la meilleure façon de laisser votre douleur devenir inflammatoire et de la laisser s’installer dans le temps.

Et maintenant, que faire pour soulager votre sciatique ?

  • La première chose à faire ? Bougez, marchez, ne vous effondrez pas dans votre lit en vous disant que ça passera tout seul. Comme l’indique l’assurance maladie, le meilleur traitement, c’est de bouger !
  • Une petite bouillotte au niveau de la fesse ou un bain chaud peut calmer votre crise de sciatique ponctuellement.
  • En position assise : soulagez votre dos à l’aide d’un coussin d’allaitement.
  • En position allongée sur le dos : pensez à surélever vos jambes avec un coussin sous les genoux par exemple (cela aidera à ce que votre bas du dos soit moins creusé) ou à dormir sur le côté avec le coussin d’allaitement. Le coussin d’allaitement, vous permet de caller votre ventre et de faire reposer votre cuisse sur le coussin permettant de décomprimer le bassin.
  • Pour sortir du lit : mettez-vous de côté, croisez la jambe du haut sur celle du dessous et utilisez vos mains pour vous redresser.
  • Optez pour des positions où les jambes sont libérées afin que le bassin reste ouvert. Vous pouvez utiliser par exemple un ballon.

Mais encore…

  • Faire des exercices adaptés à la grossesse : L’achat d’un ballon de grossesse est une bonne idée. Il permettra de vous étirer tout en travaillant le périnée. A la maternité de l’Hôpital Franco-Britannique, des « cours d’autogestion de la douleur pendant la grossesse et l’accouchement », vous sont proposés. Les cours reposent sur un programme de prévention des douleurs basés sur l’anatomie, l’ergonomie, les postures correctes, la gestion de la douleur par des techniques de mobilisation douces à pratiquer seule ou en couple.
  • Etirez-vous en douceur. Votre ostéopathe pourra vous indiquer des étirements appropriés et notamment l’étirement du pyramidal du bassin.

Bibliographie

Etat des lieux de la prématurité

Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé et d’autres organisations (1), 15 millions de nourrissons naissent prématurément chaque année. En outre, l’incidence mondiale des naissances prématurées est en augmentation (1), de sorte que la prématurité est en train de devenir un problème de santé publique majeur dans le monde (2). Les naissances avant 37 semaines de gestation sont responsable de plus de 50% d’effets secondaires néfastes chez les enfants (3). Un faible âge gestationnel et un faible poids à la naissance sont associés à de nombreuses complications développementales. Cela aura pour conséquence une augmentation des coûts psychologiques, physiques et économiques (4) (5). De plus, les conséquences de la prématurité ne se limitent pas à la période périnatale mais peuvent s’étendre tout au long de la vie sous la forme de handicaps ayant un impact important sur le bien-être social et la santé, tels que des déficiences sensorielles (principalement visuelles, auditif), des difficultés d’apprentissage, des déficit de l’attention et de coordination altérée (1) (6) (7).

Explication scientifique aux conséquences de la prématurité

Les prématurés sont prématurément privés de stimulations cutanées pendant le développement intra-utérin par le contact de la peau avec le liquide amniotique et les parois utérines. Il a été démontré que ces sensations sont impliquées dans la croissance et le développement neurologique corrects du nourrisson (8) (9). Outre cette privation sensorielle précoce, la prématurité donne lieu à d’autres facteurs associés, tels que l’absence de contact continu entre les parents et leurs nouveau-nés en raison de la nécessité pour ces derniers de rester dans les unités de soins intensifs néonatals, ce qui a un effet négatif sur le développement psychologique et biologique de l’enfant (10) et du bien-être de ses parents (11). Plusieurs études ont mis en évidence une augmentation du niveau de stress et d’anxiété chez les parents de prématurés, en raison de leur manque de contact avec leur nouveau-né et de leur sentiment d’être incapable de protéger leurs enfants contre des expériences stressantes et douloureuses (12) (13). La pratique du toucher minimal, qui est répandue dans de nombreuses unités de soins néonatals (14) (15), entraîne également une plus grande privation de la stimulation tactile. Ces dernières années, la connaissance de ces facteurs a conduit de nombreuses unités de soins néonatals à commencer à introduire une série d’actions de soins basées sur les principes somatique (stimulation du système somatosensoriel), kinesthésique (stimulation par le mouvement) et sensoriel (stimulation des sens: visuel, auditif et visuel) et la stimulation tactile, olfactive et gustative, dans le but de faciliter le développement neuromoteur et émotionnel des prématurés (16) (17) (18). Néanmoins, dans certains hôpitaux (19), l’approche basée sur le «toucher minimal» prévaut encore dans les soins des nourrissons prématurés, selon des études suggérant qu’un toucher excessif pendant les procédures quotidiennes (comme l’alimentation, les examens et les changements de couches) est associé à une hypoxémie. Presque toutes les preuves suggèrent qu’il existe des risques associés au toucher basés sur les soins et non au toucher par le massage (20) (21) (22). Une explication possible des effets de ces deux types de toucher est que le massage est un toucher doux et apaisant pour l’enfant prématuré, tandis que le toucher associé à les procédures de routine sont souvent inévitablement inconfortables et/ou douloureuses (administration de vaccins, pose de cathéters et de tubes, prélèvement de sang, prélèvement, etc.). De plus, le massage est appliqué une ou deux fois par jour, tandis que les contacts médicaux et infirmiers se produisent tout au long de la journée (23) (24). Ces différences expliquent pourquoi le toucher thérapeutique a des avantages autres que ceux du soin. L’une des interventions les plus couramment utilisées pour fournir aux prématurés une stimulation somatique (stimulation du système somatosensoriel à partir de plusieurs modalités jusqu’aux récepteurs sensoriels qui recouvrent la peau, les muscles, les os et les articulations) (25) est le « Massage Thérapeutique ».

La place de l’ostéopathie dans le développement des nourrissons ?

Un grand nombres études ont rapporté que l’administration de diverses formes de stimulation somatique avait un effet bénéfique sur les facteurs liés à la croissance des prématurés (14) (26) (27) (28) (29) (30) (31) (32) (33). Notamment l’étude menée par Haley (34), qui visait à mesurer les effets du protocole de massothérapie sur le métabolisme osseux, les résultats ont conclu que la stimulation tactile kinesthésique affecte positivement la croissance osseuse et la minéralisation des nouveau-nés prématurés. Parmi les causes suggérées de ces bénéfices anthropométriques, certains auteurs ont indiqué une augmentation de l’activité vagale (27) (28) (35), une augmentation de l’activité gastrique (27) (35) et une augmentation des taux sériques d’insuline et d’IGF-1 (28).

Plusieurs études ont montré des effets statistiquement significative pour la prise de poids (14) (26) (27) (28) (29) (30) (31) (32) (33) (36) (37) (38) (39) (40) (41). Un gain de poids a été observé à la fin de la mise en œuvre du protocole de massage et/ou à la sortie de l’hôpital (27) (32) (38), tandis que d’autres études ont montré des bénéfices à 2 mois (14) (26) (36).

Un autre des avantages prouvés de la stimulation tactile appliquée aux nouveau-nés prématurés est un meilleur développement neurologique. Dans l’étude menée par Ferreira et Bergamasco (37), cet effet a été démontré par des schémas de mouvements plus matures et une plus grande organisation des réponses chez les nourrissons notamment au niveau de la succion, des périodes de vigilance et une diminution de l’hypotonie. Fucile et Gisel (29) et Ho et al. (39) ont également observé un meilleur développement moteur chez les prématurés ayant reçu une stimulation somatique et kinesthésique. Ces derniers auteurs ont constaté que l’administration de « Massages Thérapeutiques » procurait de plus grands avantages aux nourrissons dont la situation était médiocre au début. En 2010, Procianoy (41) a publié une étude indiquant que ces bénéfices étaient toujours observés à l’âge corrigé de 2 ans. L’influence positive de la stimulation somatique sur le développement du cerveau chez les prématurés a également été démontrée dans deux études menées par Andrea Guzzetta (38) (42). Ces auteurs ont proposé l’implication possible de l’IGF-1 en tant que mécanisme sous-jacent et ont noté que, lorsqu’un protocole de massage était administré, la maturation cérébrale extra-utérine des prématurés à faible risque ressemblait au processus de maturation qu’ils auraient eu si leur développement avait continué in utero. Les autres avantages des massages administrés aux nouveau-nés prématurés hospitalisés sont notamment une diminution du risque de septicémie néonatale (40), une réduction du nombre de jours d’hospitalisation (40) (39) et une réduction du stress du nouveau-nés (43) (44).

Certaines études ont déterminé les effets des protocoles de massage par des mesures par électrocardiographie (43) (43), par électroencéphalographie (27) (38) (42), par électro-gastrographie (27) (35) et la mesure des potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral (38). Ces études ont conclu qu’une augmentation de l’activité vagale et de la motilité gastrique peut être à la base des effets de la massothérapie sur la prise de poids du prématuré. L’électroencéphalogramme a permis de démontrer que le massage avait une influence sur le développement du cerveau et, en particulier, sur le développement visuel. Dans plusieurs des études, les résultats ont été mesurés par des échantillons de sang: nombres de lymphocytes T, de lymphocytes B et de cellules NK et cytotoxicité des cellules NK (45), triglycérides (36) (31), insuline (38), IGF-1 (33) (38), IGFBP3 (38), glucose (42), cortisol (38), hormones thyroïdiennes (38) et leptine et adiponectine (33). Les changements dans les échantillons de sang analysés ont mis en évidence certains des mécanismes sous-jacents de la prise de poids (augmentation de l’insuline, de l’IGF-1 et de l’adiponectine en circulation), du développement du cerveau et de la maturation visuelle (augmentation de l’IGF-1 et de l’IGFBP3) ou du développement du système immunitaire (cellules NK).

En quoi consiste le Massage Thérapeutique ?

Le massage thérapeutique peut être défini comme «l’application manuelle d’une technique sur les tissus mous superficiels de la peau, des muscles, des tendons, des ligaments et du fascia (ainsi que sur les structures situées dans le tissu superficiel). La technique manuelle consiste en une application systématique du toucher, d’effleurage, de frottement, de vibration, de percussion, de pétrissage, d’étirement, de compression ou de mouvement articulaire passif et actifs dans le cadre des mouvements physiologiques normaux » (46). Sinha (47) élargit la définition du massage en y incorporant l’utilisation de technique manuel et mécanique : «toute technique, manuelle ou mécanique, qui transmet de l’énergie mécanique aux tissus mous du corps à travers la peau (…) Afin de provoquer un certain effet physiologique ou psychologique (…) peut être défini comme un massage ». Plus précisément, le massage pour nourrisson est considéré comme «un toucher méthodologique destiné à stimuler l’enfant par différentes méthodes, mais la plupart consistent en une stimulation tactile» (23). Les auteurs de ses définitions semblent volontairement inclure les techniques Ostéopathiques Pédiatriques dans le Terme « Massage Thérapeutique ». D’ailleurs les études réalisées sur l’intérêt d’une prise en charge ostéopathique dans le traitement des nouveau-nés prématurés, ont montré des résultats similaires aux études sur le « Massage Thérapeutique ».

Efficacité de l’Ostéopathie Pédiatrique chez les prématurés

Une Méta analyse de 2017 (48) a répertorié les études analysant l’efficacité de l’ostéopathique dans le traitement des nouveau-nés prématurés. La thérapie ostéopathique a permis de réduire significativement la durée de séjour (environ de 2,71 jours) et la diminution des coûts hôspitaliers. Les études incluses avaient une population totale de 1306 prématurés nés dans des unité de soins néonatales européennes. Quatre études ont été menées en Italie (49) (50) (51) (52), et 1 en Autriche (53). La méthodologie utilisée dans toutes les études a révélé une grande homogénéité de recrutement, de population, et de type de groupe de contrôle. Les études ont, principalement, considéré la diminution de durée de séjour comme le critère principale (49) (50) (51) (52) mais aussi les symptômes intestinaux (49), le coûts (50) (51) (52), le gain de poids quotidien (51) (52), l’évacuation du méconium associée à une prise de poids au retour à la maison (53). Fait intéressant, plus l’intervention ostéopathique est précoce, plus le bénéfice est important pour les nouveau-nés. En fait, il peut être souligné que les nouveau-nés nés très prématurés (<32 semaines) peuvent bénéficier d’avantages plus élevés. Chez les grands prématurés, l’adjuvance de traitement ostéopathique aux soins courants entraine une réduction de près de 9 jours d’hospitalisation, chez les prématuré modérés une moyenne de 3,08 jours alors que chez les bébé peu prématuré une réduction de 2 jours d’hospitalisation. En ce qui concerne les événements indésirables, aucun des essais inclus n’a signalé d’effet indésirable. Du point de vue clinique, l’utilisation d’ostéopathique sembleraient être un choix souhaitable en complément aux soins habituels (48). Ainsi l’ostéopathie chez le nouveau-né prématuré pourrait être recommandé en tant que traitement adjuvant dans le programme de routine des unités de soins néonataux et pourrait soutenir une approche multidisciplinaire.

Mécanismes d’action possibles de l’Ostéopathie

Les études médicales ont montré que les nouveau-nés prématurés ont un niveaux plus élevés de substances circulantes pro-inflammatoires (Il-8 et cytokines) (54) (55) (56) associé à une immaturité du système végétatif, notamment de la modulation parasympathique cardiaque (57) (58).

Du point de vue ostéopathique, des modifications de la variation de la fréquence cardiaque ont été enregistrées après l’application des techniques de libération myofasciale (59) (60). Pour cette raison, l’application de l’ostéopathie pourrait équilibrer les apports sympathiques et parasympathiques, créant une amélioration de l’état clinique du nouveau-né (49). En spéculant sur les autres mécanismes d’actions possibles de l’ostéopathie chez le nouveau-nés prématurés, on envisage que l’ostéopathie est associée à une réduction des substances pro-inflammatoires (61) (62) se basant sur le rôle anti-inflammatoire de l’ostéopathie partiellement confirmé par les récentes recherche clinique (63). L’ostéopathie pourrait réduire la libération de cytokines et l’activité sympathique créant une cascade d’événements biologiques et neurologiques capables de moduler les mécanismes inflammatoires (64) (65). Une étude récente a démontré que le traitement ostéopathique pouvait réduire le processus inflammatoire en agissant principalement sur les facteurs anti-inflammatoires (66). En outre, Degenhardt et al ont suggéré que l’ostéopathie pourrait jouer un rôle dans l’augmentation de la réaction des opioïdes (67). Plus récemment, des preuves préliminaires en laboratoire ont montré que les techniques ostéopathiques avaient un effet spécifiques sur l’amélioration du système lymphatique et immunitaire (68) (69) en améliorant le nombre de leucocytes et d’interleukine-8 (IL-8). Ces constatations ont été confirmé dans une étude qui a montré des différences significatives dans le niveau de ces molécules entre le groupe traité par ostéopathie et le groupe témoin (70). L’ostéopathie pourrait donc avoir un effet sur le profil immunologique de cytokines spécifiques en circulation et les leucocytes. Ainsi, les recherches in vitro et in vivo suggèrent que le traitement ostéopathique a des effets anti-inflammatoires et parasympathiques  (59) (66) (71) (72) et ces effets pourraient permettre l’amélioration de l’état clinique des nouveau-nés prématurés.

Bibliographie

Le développement du cerveau est un processus prolongé qui commence in utero et se poursuit chez l’homme tout au long de la vie. Le développement du cerveau est guidé non seulement par un plan génétique de base, mais également par un large éventail d’expériences allant des stimuli sensoriels aux relations sociales en passant par le stress. La complexité de la stimulation précoce peut moduler les trajectoires de développement du cerveau et induire des modifications à long terme des circuits neuronaux sous-tendant, des modifications durables de la structure et du fonctionnement du cerveau (1) (2). L’enrichissement de l’environnement accélère fortement la maturation des systèmes sensoriels (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9), agissant sur les facteurs moléculaires impliqués dans le développement du cortex cérébral et sur la plasticité, tels que le facteur de croissance insuline-like 1 (IGF-1), le facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF) et la transmission GABAergique (3) (4) (10) (11) (12) (13) (14) (15). Il est intéressant de noter qu’une expérience enrichie limitée à quelques semaines de vie est déjà suffisante pour influer sur le développement du cerveau (4) (16) et contribue à façonner les différences interindividuelles, IGF-1 devenant un médiateur crucial dès le début d’un environnement stimulant (4) (16) (17). À l’opposé, des recherches empiriques ont fourni des preuves accablantes que l’appauvrissement précoce de l’environnement, en termes de développement et de conditions de vie défavorables, pourrait avoir une influence néfaste sur le développement des enfants (18) (19).

L’environnement peut-il vraiment modifier le développement cérébral ?

Des études sur la privation tactile et somatosensorielle au cours des premières semaines de développement ont montré que les premières expériences sont essentielles pour un développement sensorimoteur normal. Nissen (20) a élevé un chimpanzé mâle muni de tubes en carton aux quatre extrémités, de 1 à 31 mois. Bien que le chimpanzé puisse marcher plus tard, il ne pouvait initialement pas saisir avec ses doigts, ni grimper, ni se toiletter ni s’asseoir normalement. Même avec une période de récupération prolongée, le chimpanzé n’a jamais été capable de s’assoir comme le feraient les chimpanzés normaux. Thompson et Melzack (21) ont élevé des Scottre-terriers en isolement sensoriel dès la naissance, protégés de toute expérience douloureuse par un rembourrage. Une découverte surprenante était que les chiens n’avaient aucune réaction aux stimuli douloureux et n’avaient pas appris à les éviter. Une expérience précoce de la douleur apparaît nécessaire pour le développement normal du système nociceptif (22) (23). Harlow étudia systématiquement les effets de la privation sociale chez les singes (24) (25). Dans les premières études, les bébés singes recevaient deux singes «mères» en fils, l’un recouvert de tissu éponge doux mais ne fournissant pas de nourriture, tandis que l’autre, en fils ordinaires, avait un biberon attaché. Si le rôle des mères était de fournir de la nourriture, on pourrait s’attendre à ce que les nourrissons passent plus de temps près de la mère qui fournit de la nourriture, mais les bébés singes ont passé beaucoup plus de temps attaché à la mère en tissu qu’à la mère qui fournit la nourriture. Harlow a conclu: «Ces données montrent clairement que le confort au contact est une variable d’une importance primordiale dans le développement de la réponse affective, alors que l’allaitement est une variable d’une importance négligeable» (25). D’autres études ont montré que le contact avait joué un rôle important dans la réduction de la peur et la sécurité. Harlow a placé les bébés singes dans des pièces étranges qu’ils pouvaient explorer, soit en présence de la mère porteuse en tissu, soit en son absence. Les singes ont utilisé leur mère de substitution comme base sécurisée pour explorer la pièce en la quittant brièvement puis en se dépêchant de se réconforter avant de faire de longues incursions dans la pièce. En l’absence de la mère porteuse, les singes étaient bouleversés et s’accroupissaient souvent, se jetaient, basculaient, criaient et pleuraient (25). Bien que les effets d’être élevé dans des orphelinats ne soient généralement pas considérés comme un cas de privation sensorielle, les orphelinats roumains du régime communiste ont présenté ce que l’on devrait appeler une privation sensorielle. Ces institutions étaient sinistres et les nourrissons et les enfants qui y vivaient avaient une existence stérile qui était à peine meilleure que les singes élevés par la mère de Harlow. Les enfants ont été élevé avec un soignant pour 25 nourrissons. Le résultat a été un ralentissement dramatique du développement physique et cognitif chez ces enfants malheureux. Lorsque le gouvernement communiste est tombé, les enfants ont été adoptés par des familles aimantes dans des pays occidentaux tels que le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada et l’Australie, dans l’espoir que les effets des premières expériences déshéritées pourraient être inversés. Malheureusement, cela n’était vrai que chez les enfants adoptés avant 12-18 ans. Après cet âge, les enfants sont restés gravement cicatrisés et plus de 25 ans plus tard, ils présentent toujours un déficit cognitif et émotionnel important, notamment une baisse de QI d’environ 15 points ou plus, un cerveau plus petit, une activité électrique anormale du cerveau et de nombreux déficits cognitifs et sociaux chroniques graves. (26) (27) (28).

Une expérience sensorielle appropriée est donc essentielle au développement adaptatif du cerveau et du comportement. Mais est-il possible de fournir une stimulation sensorielle améliorée pendant le développement ?

Les neurosciences comportementales ont aussi une longue tradition d’étude par la stimulation sensorielle qui consiste à placer les animaux dans des environnements beaucoup plus stimulant que la mise en cage de laboratoire standard. L’un des premiers exemples ayant été décrit par Hebb (29). Il a amené des rats de laboratoire chez lui, où ils ont été traités comme des animaux de compagnie. Lorsque les rats ont été renvoyés au laboratoire pour des tests sur divers problèmes de labyrinthe, ils ont surpassé leurs compagnons de portée élevés en laboratoire. La conclusion de Hebb était qu’un environnement plus stimulant améliorait la fonction cérébrale et que cette amélioration était à la base de l’amélioration des performances sur les tâches cognitives. De nombreuses preuves démontrent désormais que les animaux vivant dans des environnements plus stimulants ont des cerveaux très différents de ceux vivant dans des cages de laboratoire. Krech (30) a publié un document de référence qui plaçait les jeunes animaux dans des environnements complexes pendant 80 jours après le sevrage. Lorsqu’ils ont par la suite examiné le cerveau des rats, ils ont constaté que le cortex cérébral était plus lourd et que son activité acétylcholinestérase était accrue. Ainsi, l’expérience a changé la structure du cerveau et sa chimie. Dans une étude parallèle, ils ont également montré que les niveaux d’acétylcholinestérase plus élevés prédisaient une amélioration de la capacité de résolution de problèmes. Au fil de leurs expériences, ils ont mis au point un protocole expérimental pour tenter de déterminer exactement ce que pourraient être les expériences clés. Les centaines d’études sur les effets de la stimulation enrichie révèlent généralement que les animaux ont des avantages sensoriels, moteurs et cognitifs importants par rapport à leurs compagnons de portée élevés en laboratoire, les avantages sont corrélés à un large éventail de différences neurochimiques, morphologiques et épigénétiques. L’ampleur des effets de l’enrichissement est impressionnant. Seulement 30 jours de stimulation enrichie chez les jeunes rats peuvent augmenter le poids du cerveau d’au moins 5% et ces changements semblent persister pendant le reste de leur vie. Dans des études sur les effets de l’élevage de rats sevrés dans de grands groupes sociaux (6 à 8 animaux de même sexe) dans des environnements stimulé, le poids cérébral augmente de 7% à 10%, et ceci est associé à une augmentation du nombre et de la densité des vaisseaux sanguins, taille et du nombres de dendrites et de synapses, de la glie dans le néocortex, de l’hippocampe. Il existe également une production accrue d’une variété de facteurs de croissance connus pour améliorer le développement du cerveau (31). Et bien que les premières études aient été réalisées sur des rats, il existe maintenant des études sur un large éventail d’animaux, y compris les insectes, les poissons, les oiseaux et les mammifères (y compris les humains), montrant la puissance de ce type d’expérience pour modifier le cerveau. Une question légitime à poser est de savoir quelles expériences dans les études d’enrichissement produisent les changements généralisés dans le cerveau et le comportement. Il est impossible de répondre à cette question car il s’agit probablement de l’interaction d’événements moteurs, sensoriels, sociaux et cognitifs vécus dans des logements complexes. Mais il est possible de séparer certaines des expériences pour avoir une idée de leur rôle. L’un des plus puissants semble être la stimulation tactile.

A quel point la Stimulation Tactile peut-elle développer le cerveau ?

La peau est extrêmement sensible au toucher, même dans l’utérus et à la naissance, la stimulation tactile procure une stimulation puissante liée au lien avec les parents et à l’exploration de l’environnement. La stimulation tactile (ou massothérapie), parfois associée à une stimulation kinesthésique (déplacement des membres), a été étudiée comme traitement pour les prématurés depuis les années 1970 (32) (33) (34) (35) (36) (37) (38) (39) (40) (41). La conclusion générale est que la stimulation tactile plusieurs fois par jour pendant environ 15 minutes entraîne un gain de poids et une augmentation de la densité osseuse chez les prématurés, améliore le développement moteur, favorise la maturation cérébrale, diminue le risque de septicémie et de stress du nouveau-né. Un programme officiel, le programme de soins et d’évaluation du développement individualisé du nouveau-né (NIDCAP), a été mis au point pour améliorer la qualité du fonctionnement neurodéveloppemental du nourrisson dans certaines néonatalogies. Un élément central des soins stimulants est la stimulation tactile. Des essais contrôlés randomisés longitudinaux ont montré une amélioration du développement moteur, affectif et cognitif en corrélation avec des améliorations significatives de l’EEG (électroencéphalographie) et de la morphologie du cerveau (IRM) par rapport à ce qui est généralement observé chez les prématurés non traités (42).

Des études sur des animaux de laboratoire ont confirmé que la stimulation tactile chez le «rat normal» améliore considérablement le développement cérébral et comportemental. Par exemple, Guzzetta (16) a montré que la stimulation tactile chez les ratons accélérait la maturation de la fonction visuelle, ce qui était associé à une augmentation dans le cortex cérébral du taux de facteur de croissance IGF-1 (ILG-1). Il a également été démontré que la stimulation tactile pendant la petite enfance améliore le comportement moteur et cognitif à l’âge adulte, ce qui était corrélé aux modifications de l’organisation dendritique corticale et à l’expression du facteur de croissance des fibroblastes-2 (FGF-2) (43) (44) (45). En outre, la stimulation tactile a considérablement amélioré les effets des lésions cérébrales périnatales et, dans une autre étude, elle a inversé les effets lié au stress dû à la privation maternelle (46). Il a également été démontré que la stimulation tactile pendant la gestation chez le rat avait des effets bénéfiques sur le comportement et la morphologie du cerveau chez le rat adulte (44) (45). De plus, l’absence de stimulation tactile entre les nourrissons et les mères altère le développement social et affectif des singes en bas âge (24). Et plus récemment, Suomi (47) a montré influence du toucher chez les bébés singes pour réduire la peur et assurer la sécurité. Il a été démontré que les expériences vécues au début de la vie, telles que le nombre de léchage et de toilettage de rats nouveau-nés par leur mère, modifiaient les profils d’expression génique (48) (49). Les interactions avec entre la mère et le nouveau-né influencent la méthylation de l’ADN dans le cortex préfrontal des singes. Il est clair que la stimulation de la peau a un effet profond sur le développement du cerveau. En effet, la massothérapie semble avoir des effets bénéfiques à tout âge et peut réduire la douleur, l’anxiété, la dépression et renforcer la fonction immunitaire (50) (51).

Bibliographie

Rien n’épargne la femme enceinte. Lombalgie, sciatique, reflux acides, essoufflement, et bien d’autres troubles sont la conséquence plus ou moins directe de votre grossesse. Parmi ces troubles, les insuffisance veineuses peuvent également se réveiller au cours de votre grossesse. Disgracieuses, elles peuvent être douloureuses et ne sont pas à négliger.

L’insuffisance veineuse, qu’est ce que c’est exactement ?

L’insuffisance veineuse des membres inférieurs est une des affections les plus fréquentes dans les pays industrialisés. Environ une femme sur deux constate l’apparition de désordres veineux au cours de sa grossesse, le plus souvent au cours de la deuxième grossesse, et dans plus de la moitié des cas dès le premier trimestre, avec un pic au cinquième mois (1).

L’insuffisance veineuse entraîne l’apparition de différents symptômes notamment :

  • l’apparition de varices sur les jambes.
  • une sensation de jambes lourdes, en particulier en fin de journée.
  • des fourmillements ou un besoin irrépressible de bouger les jambes.
  • des crampes musculaires nocturnes.
  • les œdèmes, caractérisés le plus souvent par un gonflement des mollets, des chevilles ou des pieds.

Varices

La grossesse semble augmenter le risque de varices ; celles-ci provoquent des douleurs considérables, des crampes nocturnes, rendent les jambes lourdes et douloureuses et sont assez laides (2). La première grossesse augmente le risque de varices de 23%, la seconde et la troisième grossesse de 27%. Une varice survient quand une vanne dans la paroi d’un vaisseau sanguin s’affaiblit et que le sang stagne. Cela conduit à des problèmes de circulation dans les veines et à un œdème ou gonflement. La veine se distend alors, ses parois s’étirent et se relâchent, permettant à la veine de gonfler en un tout petit ballon près de la surface de la peau. Les veines des jambes sont plus souvent touchées car elles travaillent à l’encontre de la gravité, mais la vulve (l’orifice vaginal) ou le rectum peuvent aussi être affectés, entraînant des varices vulvaires et hémorroïdes. Certaines localisations variqueuses sont plus particulièrement liées à la grossesse, comme les varices vulvaires et vaginales (3) (4). Elles se rencontrent dans près de 20 % des cas ; souvent unilatérales, apparaissant au troisième trimestre, elles peuvent être énormes, gênant la marche et la station debout, et responsables de dyspareunies, de pesanteurs vaginales et de prurit.

Conseils d’hygiène de vie pour agir sur les facteurs de risque favorisant les varices :

Dans un premier temps, ce que vous devez éviter de faire ! (5)

  • Eviter, les stations debout et assise prolongées dans la mesure du possible. Elles diminuent le retour veineux et favorisent la sensation de jambe lourde, la survenue de varices et d’œdème.
  • Eviter l’exposition prolongée à des sources de chaleur (exposition solaire, sauna, hammam…). La chaleur entraîne une vasodilatation veineuse risquant d’aggraver les varices.
  • Le port de talons hauts et de mi-bas à élastiques trop serrés car ils ralentissent le retour veineux.

Et maintenant, que faire pour éviter et les soulager ?

  • Pratiquer des activités physiques qui abaissent l’hypertension par activation de la pompe veineuse. La marche, l’aquagym sont classiquement conseillés.
  • Les douches d’eau froide matin et soir entraînent une vasoconstriction veineuse. Elles diminuent l’œdème du pied et de la cheville et soulagent les symptômes d’insuffisance veineuse.
  • La surélévation des jambes la journée si possible, et des pieds du lit la nuit (10-15 cm).
  • La lutte contre la surcharge pondérale. Eviter de prendre trop de poids pendant la grossesse.
  • La pratique d’exercices musculaires simples. On pourra, par exemple, en cas de position assise prolongée, pratiquer des flexions de la cheville en surélevant le pied tout en gardant le talon au sol ou se hisser sur la pointe des pieds en cas de position debout prolongée.

Hémorroïdes

Les hémorroïdes sont des veines dilatées qui se forment dans la paroi du rectum et de l’anus (6). Elles peuvent résulter de la constipation, de la pression accrue sur les veines rectales lors de la grossesse ou de l’action de certaines hormones sur le système gastro-intestinal (7). Les hémorroïdes ne présentent pas de conséquences nuisibles sur la santé de la femme enceinte ou à celle de son bébé à naître, mais entraînent un inconfort. Les symptômes incluent (6) :

  • des démangeaisons ou des douleurs dans la région anale.
  • des saignements mineurs lors de la défécation.

La prévalence attribuée aux hémorroïdes varie considérablement d’une étude à l’autre, allant de 5 à 85 % chez les femmes enceintes (7), principalement lors des deuxième et troisième trimestres. Bien qu’elles régressent habituellement après l’accouchement, les hémorroïdes demeurent présentes chez de 15 à 24 % des nouvelles mères (7).

Pour traiter les hémorroïdes, les mesures suivantes sont utiles (8) :

  • Bien nettoyer la région anale après chaque selle.
  • Faire des bains de siège à l’eau tiède 3 à 4 fois par jour pendant de 15 à 20 minutes.

Faire une application locale de crème ou d’onguent car cela peut aider à réduire les symptômes associés aux hémorroïdes (douleur, sensation de brûlure, démangeaison, inconfort et irritation).

Crapes dans les jambes

Les crampes dans les jambes constituent un malaise courant durant la grossesse. Environ de 5 à 30 % des femmes enceintes en souffriraient (9). Ces crampes constituent des contractions musculaires involontaires qui entraînent une douleur aux mollets ou aux pieds. Elles surviennent le plus souvent pendant la nuit et deviennent plus fréquentes au cours du deuxième ou troisième trimestre (10). Leurs causes exactes ne sont pas connues, mais certaines recherches suggèrent que l’accumulation d’acides lactique et pyruvique dans les jambes due à une mauvaise circulation sanguine serait en cause (10). Ce malaise est également associé à une déficience en magnésium (9). Les crampes dans les jambes ne sont pas dangereuses pour la santé de la femme enceinte ou celle du fœtus.

Pour aider à prévenir les crampes dans les jambes pendant la grossesse, les mesures suivantes peuvent être utilisées :
• Étirer les muscles du mollet avant d’aller au lit (10).
• Pratiquer une activité physique (10).
• Bien s’hydrater (10).
• Prendre des suppléments de magnésium ou de sodium (9) (10) (11).
Les multivitamines ou les suppléments minéraux semblent également aider à réduire les crampes mais le calcium n’offre, quant à lui, aucun bénéfice (11).

Lorsqu’une crampe se présente, les mesures suivantes peuvent aider (10) :
• Étirer les muscles douloureux.
• Marcher ou secouer les jambes.
• Prendre une douche ou un bain chaud.
• Masser les muscles douloureux avec de la glace.

Des insuffisances veineuses, mais pourquoi ? et que peut faire l’ostéopathie ?

La grossesse donne lieu à de nombreuses adaptations du système circulatoire (12). Ces troubles vasculaires sont provoquée d’une part, par une augmentation de la distensibilité veineuse sous l’effet des médiateurs hormonaux qui devient maximale près du terme (13). En effet, l’œstradiol et la progestérone vont avoir une action vasodilatatrice qui contribue à l’augmentation du diamètre des veines (14). Mais surtout, secondaire à l’augmentation du poids et de la taille de l’utérus combinée à des modifications de la posture, notamment au niveau du bassin. Ces changements morphologiques augmentent la compression sur les vaisseaux et empêchent le retour veineux dans la circulation centrale (15) (16) en créant un effet de clapet qui augmente l’accumulation de sang dans les extrémités inférieures (17). Ceci entraîne une stase veineuse au niveau des membres inférieurs, d’où la majoration du risque d’insuffisance veineuse chez la femme enceinte. Cet effet peut être exacerbée en présence de blocage mécanique du bassin.

L’ostéopathie va pouvoir améliorer le drainage des membres inférieur et ainsi limiter les insuffisances veineuses en améliorant la mobilité pelvienne et les restrictions structurelles, notamment au niveau du bassin, favorisant ainsi le pompage vasculaire par les muscles (18). De plus, l’ostéopathe va pouvoir améliorer la circulation périphérique en traitant les plans fasciaux à travers lesquels les vaisseaux sanguins voyagent. Ces tensions peuvent être très petites, mais suffisamment importantes pour gêner la circulation sanguine dans les vaisseaux sanguins, en particulier dans les vaisseaux à basse pression, et contribuer ainsi à limiter le drainage veineux et favorise la congestion des tissus. Le relâchement de ces contraintes fasciales peut augmenter le retour veineux vers la circulation centrale (19) et réduire ainsi les insuffisances veineuses.

Bibliographie

Gestion de la douleur pendant l’accouchement

Une étude de Manisa a conclu que 80,5% des femmes accouchant par voie basse définissent l’accouchement comme « plus douloureux que prévu » (1). Le nombre de césariennes et d’interventions lors de l’accouchement a augmenté dans le monde. Le taux de césarienne était de 21,1% en 2002, alors qu’il a atteint 51% en 2014 en Turquie (statistiques du ministère de la Santé). Le facteur le plus important dans l’augmentation des interventions est la peur et l’anxiété des mères lors de l’accouchement. De nombreuses femmes souhaitent accoucher par césarienne en raison d’expériences de naissance négatives dans le passé et d’anxiété ou de croyances liées à la douleur et à la peur lors d’une naissance par voie basse (2) (3) (4). Donner naissance est l’une des étape les plus importante dans la vie d’une femme. La douleur du travail devrait être abordée avec un point de vue multidimensionnel. Selon l’étude de Melzack, la douleur du travail fait partie des douleurs importantes dans la vie d’une femme (5). La neurophysiologie, la biochimie, les facteurs psychogènes, ethnoculturels, religieux, cognitifs, spirituels et de nombreux autres facteurs environnementaux influent la douleur pendant le travail. Les femmes ressentent de la douleur, de la peur, de l’épuisement et de nombreux autres sentiments pendant la période d’accouchement. La douleur pendant le travail est une douleur aiguë qui fluctue rapidement et peut altérer l’humeur de la femme. Près de 30% des femmes souffrent de maux de dos et cette douleur augmente le risque de césarienne. Les femmes primipares ont plus de douleurs au travail, ce qui augmente le taux de césarienne de 22% par rapport aux femmes multipares (6). Les analgésiques peuvent être utilisés pour diminuer cette douleur, mais des études ont montré que les analgésiques seuls ne sont pas efficaces pour gérer la douleur du travail (7). La douleur du travail est un sujet complexe et le besoin d’approches appropriées est indéniable. Des interventions pharmacologiques et non pharmacologiques sont utilisées pour soulager la douleur du travail. Les méthodes non pharmacologiques ne sont pas seulement une alternative mais une contribution aux méthodes pharmacologiques et beaucoup de femmes utilisent les deux. Les méthodes pharmacologiques peuvent ne pas suffire et les femmes peuvent préférer les méthodes non pharmacologiques à la douleur. Il a été démontré que les interventions non pharmacologiques étaient sans danger pour la mère et le nouveau-né, car elles ne ralentissaient pas le processus d’accouchement, ne présentaient pas d’effets secondaires ou de risques allergiques, étaient efficaces pour réduire la douleur perçue au travail et donnaient à la femme un sentiment de contrôle (7) (8) (9) (10).

Quelle méthode de la gestion de la douleur ?

Les méthodes de contrôle de la douleur du travail sont classées en quatre catégories : la relaxation, la stimulation mentale, la stimulation physique et les techniques de respiration (8) (7) (11) (12) (13). Dans les stimulations physique sont classés les massages, l’application de chaud, l’hydrothérapie et l’aromathérapie (8) (7) (11) (13) (14) et les techniques de mobilisation sur ballon.

Le massage est l’une des méthodes préférées pour diminuer la douleur du travail. L’effet relaxant et d’atténuation de la douleur est connu dans la littérature (15) (16) (17) (18) (19). Un massage pendant l’accouchement augmente les niveaux de sérotonine et de dopamine tout en diminuant la norépinéphrine et le cortisol (20). La fatigue de la femme diminue, les spasmes musculaires se relâchent, l’activité physique augmente, son attention est distraite et l’anxiété diminue, ainsi la femme en travail peut mieux supporter la douleur (21). Le massage renforce également la relation entre le masseur (Futur Papa) et la femme en travail, augmente la qualité des soins et la satisfaction de la patiente. Le massage est une intervention qui aide à réduire la douleur en augmentant le courage, la reconnaissance, le soutien et la participation (11) (22).

L’étude de Tzeng et Su (2008) a évalué la sévérité de la douleur lombaire lors de la dilatation du col. Leur étude a montré que 75,3% des femmes enceintes ressentaient des douleurs dans le bas du dos et qu’au fur et à mesure que la dilatation du col progressait, cette douleur augmentait vers la région sacrée et était soulagée par un massage (65,3%) et un changement de position (mobilisation) (61,1%) (23). Une autre étude a montré que 30 minutes de massage réduisaient le niveau d’épuisement au cours de l’accouchement (17). Le massage du sacrum était préféré par 91,7% des femmes massées pendant l’accouchement et les scores de douleur du groupe Massage au cours du travail étaient plus faibles que ceux du groupe Témoin. Les niveaux de satisfaction étaient plus élevés dans les groupes recevant un massage et ayant une personne de soutien (24). La Cochrane Collaboration Review a effectué une méta-analyse de cinq études sur l’effet du massage sur la douleur au travail (n = 326). Cette méta-analyse a révélé que le groupe qui avait reçu un massage au cours du travail avait moins de douleur, de stress et d’anxiété. En outre, il a été souligné que le massage avait un rôle important à jouer dans le soulagement de la douleur et dans l’amélioration de la stabilité émotionnelle de la femme en travail. Des études montre que le massage pendant l’accouchement joue un rôle important dans la diminution de la douleur (7) (16) (22) (25) et retarde la pose de la péridurale (22).

Les programmes de prévention enseignés aux femmes enceintes basés sur l’anatomie, l’ergonomie, les postures correctes, la relaxation et la gestion de la douleur favorisent la prise de conscience des avantages d’être actif et de prendre soin de soi, réduisent potentiellement la gravité des douleurs et l’invalidité qui en résulte (26) (27). Au Royaume-Uni, l’Institut national de la santé et de l’excellence clinique du Royaume-Uni informe que «les cours en groupe de prévention de la douleur » contribuent à réduire les douleurs lombo-pelviennes pendant la grossesse et l’accouchement (28).

Pourquoi faire participer le papa à la préparation à l’accouchement ?

Une étude a révélé que les femmes qui recevaient un massage de leur partenaire déclaraient que la douleur et l’anxiété diminuaient et qu’elles décrivaient l’accouchement comme une expérience parfaite. Cette étude souligne le fait que la stimulation physique par son conjoint (massage, pression sur le sacrum, la mobilisation par technique sur ballon) aide les femmes à faire face aux douleurs du travail, diminue la douleur perçue et l’anxiété (15). Une autre étude a révélé que le massage effectué par le partenaire diminue l’anxiété, réduit la durée du travail et de séjour à l’hôpital et réduit le risque de dépression post-partum (25). Les femmes ayant fait l’expérience d’un accompagnement manuel pendant l’accouchement ont recommandé le massage à d’autres personnes et ont déclaré qu’elles aimeraient le refaire lors d’une grossesse ultérieure (6) (16) (29). L’étude de Chang et al. souligne le fait qu’un massage approprié effectué au bon moment aide les femmes à contrôler leur corps, que le contact physique de leur conjoint influe sur la réaction de la femme à la douleur, aide la femme à se sentir plus en sécurité et calme (6) (15). Il a été constaté que les massages effectués par le partenaire diminuaient le stress et amélioraient le processus de travail (25).

Préparation à l’accouchement par le mouvement et le massage à l’HFB, mais pourquoi ?

A la maternité de l’Hôpital Franco-Britannique, nous vous proposons de participer à un cours de gestion de la douleur pendant l’accouchement. Le cours comprend l’apprentissage de techniques à deux (Future Maman et Papa ) de mobilisation sur ballon, de massage, de respiration, de l’utilisation de la chaleur et de l’hydrothérapie pour soulager les douleurs pendant la grossesse mais aussi faciliter l’accouchement.

En effet, les résultats des études précédentes montrent que les femmes qui bénéficient d’un soutien physique pendant l’accouchement ont des sentiments plus positifs à l’égard de la naissance. L’accompagnement physique (massage, mobilisation) fourni une interaction positive entre la femme et son conjoint; les femmes ont de meilleures sensations et le massage et la mobilisation facilitent l’accouchement. L’accompagnement physique est important dans la salle d’accouchement en tant qu’intervention pour diminuer la douleur, raccourcir les délais d’accouchement et augmenter la satisfaction à l’égard de l’expérience de l’accouchement (6). L’accompagnement physique (massage, mobilisation, pression, les techniques de respiration) permet aussi une diminution de la douleur perçue au travail, favorise le sentiment de sécurité, permet de distraire l’attention et donne à la femme un sentiment de contrôle (7) (8) (9) (10).

Bibliographie

Le recours à l’ostéopathie est de plus en plus fréquent pour la femme enceinte et le nouveau-né mais plus exceptionnel pour la femme après accouchement. Pourtant l’observation clinique montre que, toutes les femmes examinées dans les semaines suivant un accouchement justifient d’une intervention ostéopathique éclairée.

Les douleurs de grossesse persistent-elles après l’accouchement ?

Une étude montre que 59,1% des femmes avaient mal au dos au moment de la naissance et que 43,2% des femmes avaient encore des douleurs 6 mois après l’accouchement (1). En 2007, une étude sur 14 663 femmes a constaté qu’environ 60% des femmes ont des douleurs de dos après l’accouchement (2) et un dixième des patientes avaient toujours des douleurs persistantes 2 ans après (3) (4) (5) (6) (7). En Norvège, une étude sur 1115 femmes souffrant de lombalgie et de sciatalgie pendant la grossesse a constatées que chez 74% d’entre elles, les douleurs ont commencé au cours du premier trimestre de la première grossesse et ont augmenté à mesure que la grossesse progressait. Les douleurs ont souvent persistaient après l’accouchement et se sont accentués lors de leur seconde voir troisième grossesse. Les douleurs ont souvent provoqué des déficiences majeures et des modifications de la vie après l’accouchement. Le repos et la kinésithérapie n’avaient eu du succès qu’à court terme (8). Dans une étude, 81% des patientes atteintes de douleurs lombo-pelviennes en post-partum ont déclaré souffrir de douleurs à la marche (9).

En Allemagne, en 2005, une thèse de doctorat à l’Université portant sur les troubles de santé maternelle après l’accouchement a montré qu’outre le mal de dos, d’autres problèmes apparaissent tels que les hémorroïdes, l’incontinence urinaire et les maux de tête (10). Aux Etats Unis en 2008, une étude scientifique a étudié les plaintes de 1 323 femmes entre 9 à 12 mois après l’accouchement. Les principales plaintes étaient des lombalgies, une dyspareunie et des douleurs abdominales. MacArthur (11) a interrogé 1 701 femmes à London sur leur santé après l’accouchement. Parmi les femmes interrogées, 28,8% ont déclaré avoir mal au dos à la naissance, 20,6% avaient une incontinence à l’effort, 17,6% avaient des hémorroïdes et moins de 10% des femmes avaient récemment eu un mal de tête. Ces symptômes peuvent persister dans les mois suivant l’accouchement. Saurel-Cubizolles (12) a constaté que plus de la moitié des femmes interrogées avaient mal au dos, étaient anxieuses et souffraient de fatigue extrême un an après avoir donné naissance à un enfant. Brown et Lumley (13) ont décrit la prévalence des problèmes de santé physique six mois après l’accouchement. Les problèmes de santé les plus fréquents étaient la fatigue (69%), les maux de dos (43,5%), les problèmes sexuels (26,3%), les hémorroïdes (24,6%) et les douleurs périnéales (21%) (13). La douleur pelvienne postnatale a été associée à une incapacité considérable dans les activités liées au mouvement (14) (15). Cette douleur est la cause la plus courante de congé de maladie après l’accouchement (16) (17). Cette douleur est considérée comme une forme spécifique de lombalgie pouvant survenir séparément ou conjointement avec la lombalgie (16) (18).

De plus, les troubles de la statique lombo-pelvienne sont générateurs notamment d’incontinence urinaire d’effort (IUE) et/ou de prolapsus, de pesanteur pelvienne, et de dyspareunies, de crampes. L’incontinence urinaire d’effort est présente chez 20 à 30% des femmes en post-partum et cette incontinence persistera à distance chez 10 % d’entre elles (19) (20). Dans d’autre cas, les lésions n’apparaîtront que plus tard touchant 46% des femmes de plus de 50 ans malgré l’avènement de la rééducation périnéale dans les années 70. Durant toute sa vie, une femme a un risque de 11 % d’être opérée d’un trouble de la statique pelvienne (21).

Mais pourquoi ?

Afin de pouvoir répondre aux exigences élevées de la grossesse, de l’accouchement et du post-partum, le corps de la femme est particulièrement souple et s’adapte en conséquence à sa nouvelle situation. Pendant la grossesse pour augmenter la souplesse, le corps secrète une hormone, la Relaxine, qui entraine un relâchement des tissus conjonctifs du corps de la femme. Ce relâchement tissulaire conduit à une plus grande mobilité des os du bassin. Pour stabiliser ces structures relâchées, les muscles du plancher pelvien et paravertébraux se contractent, ce qui peut entraîner une posture inadéquate et être responsable en post-partum d’une symptomatologie persistante (22). Pour maintenir l’équilibre, il existe une augmentation compensatoire de la cyphose dans la colonne dorsale et une lordose dans la colonne lombaire et cervicale (23). L’augmentation du poids, d’environ 11 kg, principalement dans l’abdomen, provoque une tension soutenue au niveau lombaire et bassin (24). Par conséquent, ces changements peuvent donner lieu à des douleurs qui se concentrent en particulier sur les lombaires et articulations sacro-iliaques (25). En raison des naissances, des opérations, des traumatismes, mais aussi des changements dus au processus de vieillissement, l’interaction existante entre les organes intra abdominaux : utérus, vessie, rectum, peut être perturbée (26) (27). Un blocage du sacrum peut également être la cause d’un dysfonctionnement des organes pelviens. En effet, à la naissance, le sacrum et le coccyx doivent s’écarter postérieurement. Le plancher pelvien et la plupart des organes du bassin sont attachés à ces structures osseuses via des ligaments. Si le sacrum ou le coccyx ne reviennent pas à leur position initiale après l’accouchement, il se produit un changement de tension ligamentaire et musculaire susceptible de limiter la mobilité et la fonctionnalité des organes (28) (29) (30). En résumé, cela signifie que des modifications des pressions dans la cavité abdominale pendant la grossesse et le post-partum, ainsi que des dysfonctionnements locaux du bassin et notamment du sacrum et du coccyx, peuvent affecter la fonctionnalité de l’utérus et de ses structures viscérales et pariétales adjacentes (31) et entrainer des plaintes chez la femme après l’accouchement à type d’hémorroïdes, constipations, lombalgie,….

A ce jour, quel traitement ?

La thérapie standard comprend la physiothérapie, les ceintures de stabilisation, la stimulation nerveuse, les médicaments, l’acupuncture, les massages, la relaxation et le yoga (32) (33). Les directives européennes (16) recommandent un programme individualisé axé spécifiquement sur les exercices de contrôle et de stabilité dans le cadre d’un plan de traitement post-partum multifactoriel. De nombreuses recherches ont été menées sur les traitements conventionnels pour les patientes souffrant de douleurs en post-partum, notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les opioïdes, les blocs de glace et les coussins chauffants (34) (35) (36). Actuellement, les AINS sont le plus souvent utilisés pour le contrôle non spécifique de la douleur en post-partum. Les compresses froides semblent aider à soulager la douleur périnéale en post-partum (36). Cependant, ces modalités ne suffisent souvent pas à atténuer la douleur et le malaise continue qui cause souvent une détresse importante (35) (37).

Comment l’ostéopathie peut vous aider après l’accouchement ?

En raison des changements anatomiques survenant pendant la grossesse et l’accouchement, Il semble que le traitement ostéopathique constituerait une modalité complémentaire efficace pour traiter les patients souffrant de douleurs en post-partum.
Lors de l’accouchement vaginal, des modifications structurelles osseuses, associées à une laxité ligamentaire, rendent les femmes particulièrement sujettes aux dysfonctionnements sacro-iliaques en post-partum, susceptibles de provoquer une gêne sévère (38). Les facteurs prédisposant à la dysfonction somatique chez toutes les patientes en post-partum comprennent les changements posturaux et le stress émotionnel, qui conduisent collectivement à une hyperirritabilité des muscles et l’augmentation de la douleur (39). De nombreuses techniques ostéopathiques permettent de détendre les tissus musculaires contractés, de soulager les douleurs articulaires et de soulager les tensions ligamenteuses, réduisant ainsi cette douleur (40). Des dysfonctions vertébrales peuvent probablement apparaitre suite à l’exagération des courbes posturales qui sont adaptatives à l’augmentation du volume de l’utérus pendant la grossesse. Une étude (41) constate aussi un dysfonctionnement bilatéral de la flexion sacrée chez la moitié des femmes en post-partum, ce qui pourrait être dû à une augmentation de la lordose lombo-sacrée pendant la grossesse et à la « nutation physiologique » qui se produit pendant la phase d’expulsion fœtale du deuxième stade du travail. L’entrée et la sortie pelviennes s’élargissent et se rétrécissent également pour permettre l’engagement et l’expulsion du fœtus lors de l’accouchement, ce qui peut entrainer un dysfonctionnement du bassin.

Bjelland (42) a étudié le lien entre le mode d’accouchement et la douleur pelvienne persistante 6 mois après l’accouchement. Les résultats suggèrent un risque accru de douleur lombo-pelvienne sévère six mois après l’accouchement chez les femmes accouchées par césarienne par rapport à celles accouchées par voie basse. Les douleurs sont peut-être exacerbées par la cicatrice de la césarienne. En effet, les cicatrices de césariennes peuvent interférer avec la répartition de la charge fasciale, ce qui crée des adhérences avec les tissus voisins (43). Les viscères abdominaux et pelviens et les structures anatomiques environnantes sont alors potentiellement perturbés, ce qui entraîne une nutrition inadéquate et une tension mal répartie entre les différentes structures touchées. Pendant la cicatrisation, les cicatrices de césarienne s’attachent principalement au sacrum et à la colonne lombaire par la musculature abdominale et pelvienne et les compartiments fasciaux (43) (44). Si ces connexions sont perturbées, la fonction et la nutrition de l’utérus peuvent être perturbée. La restriction substantielle et le dysfonctionnement somatique du sacrum et de la colonne lombaire perturbent la fonction pelvienne, les structures viscérales correspondantes. Toutes ces modifications favorisent certainement le développement des douleurs lombo-pelviennes post accouchement par césarienne. Dans le traitement des cicatrices de césarienne par osteopathie, les techniques de libération myofasciale relâchent potentiellement la tension des couches de tissu qui ont été incisées (39) (45) (46) (47). La libération myofasciale soulage potentiellement la congestion et le dysfonctionnement somatique viscéral de l’utérus (48). Cao (46) a découvert que, lorsque les techniques de libération myofasciale ostéopathiques sont appliquées au niveau d’une cicatrice, les facteurs inflammatoires diminuent et une augmentation de la capacité de cicatrisation est observée. Sur la base des études in vitro (39) (45) (47) (49), les techniques de libération myofasciale ostéopathiques favorisent la cicatrisation des plaies.

Les crampes en post-partum résultent d’une augmentation du tonus utérin et sont régulées par des modifications hormonales post-partum, notamment l’ocytocine, et par le système nerveux autonome (50). La réduction de la dysfonction somatique de la jonction thoraco-lombaire est surement un des mécanismes possible de diminution des crampes par l’ostéopathie (51). Les tensions fasciales des ligaments notamment utérins peuvent contribuer à la contractilité et l’ostéopathie peut cibler la normalisation de ces tensions (52).
De plus, certaines techniques ostéopathiques douces favoriseraient une augmentation du débit sanguin et l’ouverture des canaux lymphatiques, ce qui pourrait contribuer à soulager la sensation de battement cardiaque accru post accouchement (40).

Avec l’ostéopathie, moins de douleur, aucun effet secondaire

Il y a de plus en plus de preuves que l’ostéopathie peut-être bénéfique pour le traitement des femmes souffrant de douleurs lombaires post-partum ou liées à la grossesse (53) (54). Trois études (31) (55) (56) portant sur 180 participants ont été analysés pour déterminer l’effet de l’ostéopathie sur les douleurs lombaires et pelviennes après l’accouchement. Les 3 études ont chacune rapporté des effets significatifs en faveur de l’osteopathie pour la douleur et pour l’état fonctionnel. Il y a des preuves que l’ostéopathie a un effet important et significatif sur la diminution de la douleur et l’amélioration de l’état fonctionnel chez les femmes atteintes de lombalgie en post-partum. Une méta analyse en 2017 sur l’efficacité du traitement ostéopathique de la lombalgie chez les femmes en post partum, a conclu que l’osteopathie a un effet significatif sur la diminution de la douleur (MD, ≥ 38,00) et l’état fonctionnel (DMS, ≤ 2,12) chez les femmes en post partum atteintes de lombo-sciatalgie (57). D’autres études sur les traitements ostéopathiques ont été couronnées de succès dans le traitement des maux de dos en post partum. Outre les études susmentionnées, Recknagel et Ross de 2007 (55) et Schwerla (56), ont abouti à des conclusions hautement positives de l’ostéopathie dans le traitement des douleurs de dos en post-partum. Dans l’étude de Recknagel (55), le groupe traité par osteopathie a eu une amélioration de 69,8 % des douleurs sur l’Echelle EVA (Echelle de douleur) versus 3,4 % dans le groupe témoin. L’échelle d’évaluation de la douleur OPQ s’était amélioré de 61 % chez les patientes traités par ostéopathie et la douleur s’était aggravée de 1,4 % dans le groupe non traité. Les résultats de l’étude de Schwerla (56) sont similaires avec un score EVA amélioré de 73 % dans le groupe osteopathie versus 7 % dans le groupe témoin et le handicap de la vie a été amélioration de 75% dans le groupe ostéopathie. Les résultats obtenus dans les études de Belz (31) en 2014 sont sensiblement similaires et suggèrent donc une reproductibilité. Lorsque la fréquence de la douleur a été mesurée, 89% des personnes testées du groupe ostéopathie ont indiqué comme valeur initiale qu’elles souffraient de douleur « régulièrement à permanente », alors que la valeur finale après traitement ostéopathique était de 11%. La comparaison entre les groupes a révélé que le groupe ostéopathie obtenait également des résultats positifs en termes d’amélioration des douleurs pelviennes. De plus, le suivi a révélé des résultats positifs durables pour le groupe d’intervention ostéopathique.

De façon plus globale, une étude menée en 2016 par Hastings (41) montre que l’ostéopathie réduit de façon significative les douleurs lombaires (57,6% avant le traitement puis 27,1% après traitement ostéopathique), les douleurs abdominale (réduction de 54,2% avant traitement à 37,3% après ostéopathie), les douleurs vaginales (18,6% réduit à 8,5% après ostéopathie) et les crampes. Une diminution des battements cardiaques a également été démontrée après traitement ostéopathique dans cette étude. En outre, les résultats démontrent que l’ostéopathie était capable de soulager complètement la douleur chez 22% des femmes en post-partum. Ces résultats démontrent que l’ostéopathie pourrait être prometteur pour le traitement des symptômes gênants en post-partum.

Bibliographie

Dans le contexte de la grossesse où peu de médicaments sont autorisés et où les anti-inflammatoires sont contre-indiqués, il peut être intéressant de faire appel à un ostéopathe.

Lombalgie de la femme enceinte, une douleur très fréquente

La lombalgie est définie comme une douleur dans la région lombaire située au-dessous des côtes inférieures et au-dessus des plis fessiers (1). La grossesse est l’un des facteurs prédisposants de cette douleur (2). D’ailleurs, la lombalgie est plus fréquente chez les femmes enceintes que chez les femmes non enceintes du même âge (25% contre 6,3%) (3) et sa prévalence varie de 24 à 90%. Cette prévalence augmente avec la durée de la grossesse et est plus élevé au troisième trimestre (4) (5).

Les lombalgies de la femme enceinte peuvent perturber le sommeil, empêche les femmes d’aller au travail et interfère avec les activités quotidiennes telles que se pencher, nettoyer, marcher. Plus d’un tiers des femmes déclarent avoir un mal de dos sévère (6). Cette douleur est responsable de difficultés dans les activités de la vie quotidienne chez 80% des femmes enceintes, une perte de travail chez 30 à 57% (7) (8), une des difficultés à marcher chez 73% d’entre elles (9) et 58% ont des problèmes de sommeil (8). L’absence de traitement des lombalgies pendant la grossesse peut contribuer à l’inactivité physique, entraînant une incidence plus élevée de complications obstétricales (10) et de césariennes (11) (12).

Aie mon dos !!! Pourquoi j’ai mal ?

La grossesse s’accompagne de profonds changements hormonaux et musculo-squelettiques qui favorisent des douleurs dans la région lombaire (13).  L’action hormonale synergique entre l’œstrogène, la progestérone et la relaxine entrainent, par un ramollissement des cartilages et des ligaments, une hyperlaxité indispensable aux changements posturaux. En effet, à mesure que le fœtus se développe, les muscles de la paroi abdominale se distendent entrainant un déplacement vers l’avant du centre de gravité. L’équilibre devient plus difficile et le corps s’adapte en augmentant les courbures, notamment au niveau lombaire. Cela provoque une hyperlordose lombaire avec une marche qui nécessite une base de soutien plus importante. Dans la mesure où la musculature du corps agit avec une plus grande intensité pour lutter contre la gravité, elle commence à se fatiguer et les ligaments doivent alors supporter une partie de la charge. Tout mouvement brusque peut alors blesser l’une de ces structures musculo ligamentaire déjà sursollicité. Parallèlement à cela, la démarche normale peut être altérée par une rétraction des muscles ischio-jambiers et une faiblesse des muscles fessiers, ce qui augmente les risques de souffrance lombaire. En particulier, il faut tenir compte de l’importance du muscle psoas, qui est de loin le plus puissant fléchisseur de la hanche. L’origine du muscle psoas s’attache sur les vertèbres lombaires, ce qui permet de déduire que lorsque cette musculature reste tendue pendant une période prolongée (comme la période de la grossesse), la courbure lombaire est accentuée et peut déclencher une lombalgie (14).

Ainsi ces modifications posturales, associées à un contrôle musculaire inefficace, peuvent contribuer au développement de dysfonctions articulaires, ligamentaires et myofasciales (15) (16) (17). Si certaines structures chez une femme enceinte présentent déjà des faiblesses avant la grossesse et s’il n’y a pas assez de potentiel pour s’adapter ou pour compenser les changements, cela peut entraîner des lombalgies (18).

Quel traitement possible ?

Avant de discuter du traitement, il serait peut-être plus approprié d’énoncer les mesures préventives. Sans aucun doute, l’hygiène posturale est l’une des mesures de base pour la prévention de la lombalgie pendant la grossesse (14). Une autre des mesures préventives consiste à éviter le style de vie sédentaire. Le repos au lit n’a aucune base scientifique, il s’est d’ailleurs avéré inefficace et même contre-productif (19). Le repos de plus de 2 jours, chez la femme enceinte, prolonge l’invalidité car il favorise l’augmentation du poids, ce qui détériore l’état de surcharge sur la colonne vertébrale et accentue la perception d’invalidité. Les effets de l’immobilisation sont donc négatifs (20). En ce sens, le Collège Américain d’Obstétrique et de Gynécologie encourage la pratique de l’exercice physique pendant la grossesse et évoque ses avantages sur la réduction des douleurs lombaires pendant la grossesse (21). Les directives européennes recommandent elles, de prendre en charge les lombalgies liées à la grossesse en conseillant de rester actif, de poursuivre les activités et le travail quotidiens, et en proposant des exercices individualisés (16).

Pendant la grossesse, le traitement de la douleur est plus complexe car l’arsenal thérapeutique disponible est plus limité. Il doit être interdisciplinaire en prenant en compte les implications pour la mère et le fœtus et, dans la mesure du possible, optimiser les alternatives thérapeutiques non pharmacologiques (14). Les protocoles mécaniques pour le traitement de la lombalgie chez la femme enceinte consistent à réduire les lordoses lombaires par des exercices de renforcement abdominal, des mobilisations sacro-iliaques et l’éducation aux techniques appropriées pour soulever et manipuler des objets, et pour dormir et s’asseoir (20) (22). À cet égard, Peterson (23) a constaté que la majorité des femmes enceintes sous traitement chiropratique ont signalé une amélioration significative de leur douleur.

Les femmes enceintes ont souvent recours à une thérapie complémentaire (Acupuncture, ostéopathie, chiropractie, etc…) pour prendre en charge les affections courantes associées à la grossesse (24). Des recherches Australiennes indiquent qu’environ la moitié (52,0%) des femmes ont utilisé au moins une thérapie complémentaire pendant la grossesse (25). La littérature indique que le massage, la chiropratique, l’ostéopathie, l’acupuncture, l’exercices sont couramment utilisés par les femmes enceintes pour gérer leur lombalgie (26) (27) (28) (29) (30).

Et l’ostéopathie dans tout ça ?

L’ostéopathie est une approche de santé qui met l’accent sur le rôle du système musculo-squelettique en utilisant une variété de techniques manuelles (31). D’un point de vue ostéopathique, les douleurs lombaires ressenties par les femmes enceintes sont dû à des blocages (32) qui sont secondaires aux changements hormonaux (33) et aux changements structurels liés au développement du fœtus (34). Les recherches ostéopathiques étudiant l’efficacité de l’osteopathie pendant la grossesse ont le plus souvent abordé les changements biomécaniques. Plusieurs études ont montré des augmentations de mouvement après un traitement ostéopathique (35) (36) (37) (38) (39), appuyant l’hypothèse selon laquelle l’ostéopathie soulage les douleurs des femmes enceintes en améliorant le mouvement et la fonction biomécanique (31) (40).

De plus, il est possible que ces modifications posturales, secondaires à la croissance fœtale, impose aux tissus une charge mécanique trop importante entrainant une réponse inflammatoire nociceptive (41). Une récente étude (42) a conclu qu’une activité inflammatoire légère mais significative est impliquée dans le développement et la progression de la grossesse, et qu’une telle inflammation pourrait avoir un rôle dans le développement des douleurs. Une étude ostéopathique (43) a montré une diminution des concentrations des facteurs inflammatoires chez les patients atteints de lombalgie chronique ayant reçu un traitement ostéopathique, suggérant un mécanisme de réduction de l’activité inflammatoire par l’osteopathie dans le traitement des douleurs. Les effets hypoalgésiques d’une variété de techniques manuelles sont bien rapportés et il a été prouvé que l’ostéopathie réduit la sensibilité à la douleur (44) (45) (46) (47). Il est donc probable que les techniques manuelles modulent la douleur par le biais de mécanismes neurophysiologiques (48) (49).

Une efficacité prouvé scientifiquement

Plusieurs revues de littérature scientifique ont confirmé qu’il existait des preuves scientifiques que l’ostéopathique constitue un traitement sûr et efficace contre les douleurs rachidiennes chez les femmes enceintes (26) (30) (50) (51) (52) (53). Six études ont démontré des effets positifs en faveur du traitement osteopathie contre la douleur (54) (55) (56) (57) (58) et cinq en ce qui concerne l’état fonctionnel (58) (54) (57) (55) (56). Licciadore (64) (59) a prouvé que l’ostéopathie peut retarder, voire empêcher une aggravation des lombalgies au cours du troisième trimestre de la grossesse. Et dans son étude en 2013 (59), l’osteopathie a permis d’éviter 40% des douleurs chroniques. En 2014, Rohrich (57) a prouvé que le traitement ostéopathique chez la femme enceinte entraine une diminution de 60 % de l’intensité des douleurs et une amélioration des activités quotidiennes chez 55 % des femmes. Les résultats de l’étude de Peters ont montré qu’après traitement ostéopathique, l’intensité des douleurs lombo-pelviennes était en moyenne réduite de 68 % (56). L’ostéopathie n’est pas uniquement destinée à réduire les douleurs musculaires et squelettiques, ce type de traitement peut avoir une influence positive sur la durée de la naissance et la prévention des complications à la naissance (60). Malgré certaines préoccupations concernant l’utilisation de thérapies manuelles par les femmes enceintes, Oswald (29) affirment que très peu d’effets indésirables ont été rapportés dans la littérature. Les conclusions des récentes revues de littérature (56) (61) (62) suggèrent que les thérapies manuelles sont sûres et efficaces pendant la grossesse et les recommandent par rapport à aucun traitement.

Comment tourner le dos aux douleurs… Quelques petits conseils à appliquer à la maison

Combattre les douleurs lombaires passe aussi par une bonne hygiène de vie qui ménagera au maximum votre dos. Quelques règles de base:

  • Une activité physique régulière : la marche, la natation, le yoga mais aussi de la gymnastique douce et des exercices de bascule du bassin. En effet, lorsque vous avez mal, vous n’avez pas envie de bouger mais néanmoins il est important de conserver une activité physique. Contrairement aux idées reçues, le repos n’est pas la meilleure option pour récupérer. C’est pourquoi, à la maternité de l’Institut Hospitalier Franco-Britannique, nous vous proposons des cours collectifs de « gestion de la douleur pendant la grossesse et l’accouchement » par des exercices sur ballon adaptés à la grossesse et ciblés sur vos douleurs.
  • Du repos : bien dormir enceinte, c’est aussi la clé du bien-être !
  • Une prise de poids raisonnable (10 à 12 kg)
  • De bonnes postures au quotidien :
    • Quand vous êtes assise, pensez à garder le dos bien droit, éventuellement à l’aide d’un coussin qui soutient votre bassin ou d’un repose pieds.
    • Gardez votre dos bien droit lorsque vous devez vous baisser, en faisant plutôt travailler les jambes.
    • Portez équitablement une charge à gauche et à droite pour ne pas avoir un déséquilibre au niveau de la colonne vertébrale.
    • Prenez garde quand vous devez attraper un objet en hauteur : avoir les coudes plus hauts que les épaules augmente la cambrure lombaire.
  • Évitez les talons hauts. Au-delà de la dangerosité de la chose (chutes, entorses…), les talons accentuent une cambrure déjà bien trop marquée et donc les maux de dos.

Bibliographie

Comment l’ostéopathie peut améliorer l’expérience de l’allaitement?

De nombreuses organisations, nationales et internationales, telles que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la Haute Autorité de Santé (HAS) recommandent d’allaiter exclusivement au sein pendant les six premiers mois (1) (2) (3). Peu de dyades mère-enfant atteignent ces recommandations (4). Selon les statistiques Françaises en 2013 (5),  le taux d’allaitement est passé de 60 % à 74 % entre 2004 et 2013, rendant la pratique de plus en plus fréquente. Selon les statistiques anglaises, 81% des mères britanniques commencent l’allaitement maternelle, 46% allaitent exclusivement au sein une semaine plus tard, 23% à 6 semaines et malgré le taux élevé d’initiation, seulement 1% des mères allaitent exclusivement pendant la durée recommandée de 6 mois (6). De nombreuses études ont mis en évidence les nombreux avantages à l’allaitement maternel exclusif pour la santé, notamment la réduction des risques de maladies infantiles courantes ; la leucémie infantile et la mort subite du nourrisson (7), ainsi qu’une réduction de l’obésité, du diabète de type 1 et 2 et l’amélioration de la santé psychologique et de meilleurs liens affectifs (7) (8) (9). Pour certaines femmes ce choix sera facile à mettre en pratique et pour d’autres, certaines difficultés pourront venir faire entrave à cette décision. L’allaitement peut être un moment extraordinaire entre maman et bébé, mais dès qu’une problématique s’installe, la situation peut rapidement dégénérer, car l’allaitement se doit d’être rapidement efficace pour une bonne prise de poids du bébé. Souvent, les mères qui vivent des problématiques en lien avec l’allaitement se culpabilisent. En France, seulement 59% des femmes réussissent à allaiter exclusivement à la maternité et les problèmes d’allaitement dans les premiers jours sont courants (10) (39). La moitié des mères qui arrêtent d’allaiter au cours du premier mois font état de problèmes biomécaniques dans la succion du nourrisson (11). Nombreux professionnels de l’allaitement ont étudié de manière approfondie la biomécanique de la succion (12) (13) (14) (15) (16). Cependant, ces professionnels se sentent souvent impuissants lorsque des difficultés de succion biomécaniques persistent chez les nourrissons malgré leurs conseils (17) (18). Le modèle de succion mature et nourrissant d’un bébé consiste en une série très organisée mais individuelle de succions entremêlées de pause et de respiration. Il implique une coordination entre de nombreux muscles supra hyoïdiens et notamment ceux de la langue, du pharynx, de la thyroïde, de la région cervicale antérieure et du diaphragme thoracique (19). Un allaitement efficace est considéré quand le nourrisson réussi à verrouiller, sucer, avaler et respirer (20)  (21). La mise en place de ces comportements optimaux, en particulier ceux liés au système musculosquelettique, constituent la base de l’efficacité du traitement ostéopathique à favoriser l’allaitement maternel.

Et si les difficultés d’allaitement venaient du bébé ?

Le relâchement transitoire et inappropriée du sphincter inférieur de l’œsophage est le principal mécanisme conduisant au RGO (5). Normalement cet “anneau” s’ouvre pour laisser passer les aliments de l’œsophage à l’estomac et se ferme pour éviter les remontées. Ainsi en cas de RGO, les aliments ne sont plus bloqués dans l’estomac et remontent vers la bouche. Chez le bébé, ce sphincter est souvent immature à la naissance et il va naturellement se renforcer peu à peu, dans les premiers mois de vie. Le relâchement du sphincter inférieur de l’œsophage est favorisé par la distension gastrique et l’augmentation de la pression intra-abdominale. Les nouveau-nés souffrent de régurgitations probablement aussi à cause du régime liquide et de la posture en position couchée  (6) (12). Lors de reflux trop fréquent, le RGO peut finalement devenir pathologique, bien que cette différenciation soit difficile à définir. Les recommandations conjointes de les Société nord-américaine (NASPGHAN) et européenne (ESPGHAN) de gastroentérologie pédiatrique définissent le RGO Pathologique comme une remontée du contenu gastrique provoquant des symptômes « gênants » (13). La définition des symptômes « gênants » chez les nourrissons est vague en raison de l’absence de description des signes par le bébé qui ne peut pas s’exprimer par la parole.

Pendant la grossesse et à la naissance, des forces de compression sont exercées sur la tête fœtale. Le crâne qui se moule au bassin osseux de la maman peut parfois, au cours de certaines grossesses et/ou lors d’accouchements recevoir une compression plus grande. Ces compressions peuvent créer des tensions muscules, fasciales et des blocages articulaires. Nombreuses structures peuvent être perturbées en anténatale ou lors d’un accouchement : le crâne, la région cervicale, la région dorsale, l’articulation temporo-mandibulaire (mâchoire), le bassin, etc. Toutes ces structures peuvent avoir une influence sur les mécanismes de succion – déglutition et donc influencer l’allaitement.

Le réflexe de succion et de déglutition sont les premières fonctions motrices présentes chez le fœtus. Le réflexe de déglutition (avaler) est présent entre la 12e et la 14e semaine de gestation, tandis que le réflexe de succion lui apparait entre la 15e et la 18e semaine. Déjà dans le ventre de maman, le fœtus tète son poing, sa main et son cordon ombilical. Votre bébé s’exerce donc à devenir un champion de l’allaitement très tôt dans sa vie fœtale. La maturation des mécanismes de succion et de déglutition se fait dans les premiers jours de vie et la coordination entre ces mécanismes se fait grâce à certains nerfs crâniens qui se situent à la base du crâne de votre bébé. Cette région est particulièrement sollicitée lors de l’accouchement et peut-être comprimée et compromettre une bonne activité motrice nécessaire à une bonne succion.

Lors d’un allaitement optimal, le bébé doit ouvrir largement la bouche, s’attacher au sein et créer une aspiration avec sa lèvre inférieure. La langue a un rôle crucial par ses mouvements de piston péristaltiques. Elle doit travailler conjointement avec la mâchoire pour entrainer le contenu du lait dans la bouche et initier la déglutition. Une coordination réussie de ces activités repose sur une mobilité optimale et une bonne coordination. (22). En raison de la complexité des problèmes en jeu, une approche à plusieurs niveaux visant à promouvoir l’allaitement est recommandée (23).

L’ostéopathie par ses capacités à débloquer les verrouillages cervicaux notamment l’articulation C0/C1 et à relâcher les tensions musculaires cervicaux, favorise une bonne mobilité de la tête (24) et ainsi libère le nerf hypoglosse (25) qui est essentiel pour les mouvements de la langue. L’ostéopathie a été étudiée et documentée dans la prise en charge des troubles de l’allaitement et l’approche est prometteuse (26) (25) (27) (28). Plusieurs auteurs ont décrit des dysfonctionnements crâniens et des restrictions des sutures du crâne liées à des difficultés d’allaitement. Frymann (29), dans une étude exploratrice sur l’effet de la naissance sur 1 255 nouveau-nés, a révélé que plus de 88% des nourrissons présentaient des restrictions crâniennes. LalauzePol (30), basé sur une cohorte de plus de 1 000 bébés, a identifié différentes restrictions concernant les sutures du crâne et leur effet potentiel sur les nerfs crâniens impliqués dans le processus de succion. L’Inserm (31), confirme que : « l’ostéopathe possède des compétences spécifiques pour agir sur les dysfonctionnements crâniens. » Carreiro (32) et Sergueef (33) ont tous deux soutenu l’hypothèse qu’une compression fœtale pendant la grossesse et/ou l’accouchement peut affecter l’os hyoïde impliqué dans la coordination de la succion et la stabilité de la langue. En 2017, une étude a démontré qu’un traitement ostéopathique aide à l’allaitement chez les nourrissons présentant des difficultés biomécaniques de succion (25). Dans cette étude a haut niveau de preuve scientifique, l’intervention ostéopathique a nettement favorisé l’allaitement en comparaison au groupe témoin recevant un traitement simulé. Après l’intervention ostéopathique, le verrouillage optimal du bébé au sein  était de 65,8% contre 45,8% dans le groupe simulé. De même, le maintient optimal du nourrisson au mamelon était de 87,8% dans le groupe traité par ostéopathie contre 72,9% dans le groupe témoin. Dans une autre étude (28), 93% des mères ont signalé une amélioration de l’alimentation et une satisfaction à l’égard des soins manuels fournis. Avant le traitement manuel, 26% des nourrissons étaient nourris exclusivement au sein et lors de l’enquête de suivi, 86% des mères ont déclaré allaiter exclusivement au sein. L’observation de ses résultats positifs constituent une étape importante pour mieux comprendre comment les ostéopathes peuvent aider les enfants ayant des difficultés de succion. De plus en plus maternités intègrent des ostéopathes au milieu de la périnatalité pour aider ces bébés qui ont des difficultés d’allaitement.

Ce que l’ostéopathe pourra vérifier lors de son intervention :

  • La forme du palais;
  • La capacité du nourrisson à ouvrir la bouche;
  • Est-ce que l’ouverture de la bouche se fait de façon symétrique;
  • La présence ou non d’un torticolis;
  • Une restriction de mobilité au niveau cervical;
  • La position pour prendre le sein, est-ce que globalement le bébé semble confortable;
  • La présence d’ankyloglossie : est-il possible que le  frein de la langue soit court ?

Pour permettre une succion et un allaitement plus  efficace, votre ostéopathe pourra aider votre bébé par son intervention en allant traiter les structures suivantes:

  • Les condyles de l’occiput (articulation entre la tête et le cou);
  • La région cervicale;
  • L’ATM (articulation temporo-mandibulaire ou mâchoire);
  • Les muscles du pourtour de la bouche;
  • Les os de la face;
  • Le bassin et la colonne vertébrale.

De plus, par son intervention globale, l’ostéopathe pourra permettre :

  • La mobilité et la posture adéquate de la tête, du cou et des  épaules;
  • L’énergie du bébé pour avoir la capacité de téter;
  • La possibilité d’être bien dans son corps pour avoir une position confortable lors de l’allaitement.

Cette « remise en route » pourra améliorer la capacité du bébé à téter, à avoir une succion efficace et être capable de déglutir de la bonne façon. Tout en travaillant en collaboration avec votre consultante en lactation et la maternité de l’IHFB, votre ostéopathe est un des professionnels de la santé qui peut vous aider à vivre l’expérience de l’allaitement de la meilleure façon possible.

Bibliographie

Votre bébé régurgite après la tétée ? A des douleurs ou de l’irritabilité au moment de téter ou de boire son biberon ? Votre bébé a des troubles du sommeil ? Il présente des problèmes respiratoires comme de la toux ou des bronchospasmes à répétition ? Il est alors possible qu’il souffre de reflux gastro-œsophagien (RGO).

Le RGO c’est quoi ?

Le RGO ou reflux gastro-œsophagien est une pathologie existante tant chez l’adulte que chez l’enfant, mais il est très fréquente chez le nouveau-né. C’est l’une des causes les plus courantes de symptômes digestifs chez les enfants (1) (2). C’est un remontée involontaire du contenu gastrique dans l’œsophage avec ou sans régurgitation externe (3) (4). En cas de régurgitation simple, il s’agit d’un phénomène physiologique normal et spontanément résolutif chez le nourrisson en bonne santé (4) (5) (6). Inversement, lorsque le reflux du contenu gastrique provoque des symptômes gênants et / ou des complications, on parle de RGO compliqué. La prévalence de la régurgitation chez les nourrissons atteint son maximum à l’âge de 4 mois et 50 à 85 % des nourrissons ont une régurgitation au moins une fois par jour (5) (7) (8) (9).  Le RGO survient chez près des deux tiers des nourrissons de moins de 4 mois, dont plus de la moitié deviennent asymptomatiques avant l’âge de 10 mois et 80 % à l’âge de 18 mois (10) (11).

Qu’est-ce qui provoque ses RGO ?

Le relâchement transitoire et inappropriée du sphincter inférieur de l’œsophage est le principal mécanisme conduisant au RGO (5). Normalement cet “anneau” s’ouvre pour laisser passer les aliments de l’œsophage à l’estomac et se ferme pour éviter les remontées. Ainsi en cas de RGO, les aliments ne sont plus bloqués dans l’estomac et remontent vers la bouche. Chez le bébé, ce sphincter est souvent immature à la naissance et il va naturellement se renforcer peu à peu, dans les premiers mois de vie. Le relâchement du sphincter inférieur de l’œsophage est favorisé par la distension gastrique et l’augmentation de la pression intra-abdominale. Les nouveau-nés souffrent de régurgitations probablement aussi à cause du régime liquide et de la posture en position couchée  (6) (12). Lors de reflux trop fréquent, le RGO peut finalement devenir pathologique, bien que cette différenciation soit difficile à définir. Les recommandations conjointes de les Société nord-américaine (NASPGHAN) et européenne (ESPGHAN) de gastroentérologie pédiatrique définissent le RGO Pathologique comme une remontée du contenu gastrique provoquant des symptômes « gênants » (13). La définition des symptômes « gênants » chez les nourrissons est vague en raison de l’absence de description des signes par le bébé qui ne peut pas s’exprimer par la parole.

Comment faire la différence entre de simple Régurgitation et le RGO compliqué chez un bébé ?

  • Le reflux gastro-œsophagien simple  dit Régurgitation Simple se manifeste par une expulsion spontanée d’une petite quantité de lait (5 à 10ml) qui se fait sans effort. Cela correspond à un liquide blanchâtre, mélange de lait et de salive et se produit le plus souvent peu après la prise alimentaire. Ceci est inconfortable pour bébé mais pas d’inquiétude à avoir tant que cela n’affecte pas son appétit et sa prise de poids. Les Régurgitation se produisent chez 40 à 65% des nourrissons en bonne santé âgés de un à quatre mois (14).
  • Le reflux gastro-œsophagien compliqué se produit lorsque le reflux du contenu gastrique provoque des symptômes gênants, affectent la qualité de la vie ou provoquent des complications. Cela s’accompagne de pleurs, d’inconforts avec un bébé qui aura tendance à beaucoup se cambrer en arrière lors de la digestion. Il peut avoir des douleurs ou de l’irritabilité au moment des repas, des pleurs et agitation pendant et après la tété, des troubles du sommeil avec des réveils nocturnes, des postures asymétriques du cou (syndrome de sandifer), des problèmes respiratoires comme de la toux, un gain de poids insuffisant (5) (15) (9). Ghaem et al. ont montré que les nourrissons atteints de RGO présentaient une prévalence plus élevée de troubles du sommeil et un retard significatif du sommeil la nuit (16). Plusieurs études ont suggéré un lien entre le RGO et les symptômes respiratoires et un certain nombre de mécanismes physiopathologiques sont proposés pour l’expliquer, notamment l’aspiration du contenu gastrique dans l’arbre respiratoire (17) (18). Attention le RGO n’est pas forcément synonyme de régurgitations, en effet, le contenu gastrique peut sortir de l’estomac, remonter dans l’œsophage sans pour autant remonter jusqu’à la bouche. Les symptômes gênants du RGO sont souvent non spécifiques et peuvent être causés par d’autres affections liées à l’enfance, telles que l’allergie aux protéines du lait de vache, la sténose du pylore, la suralimentation, la fistule trachéo-œsophagienne ou la constipation (19). Chez les enfants, la prévalence des allergies alimentaires est estimée à environ 6 à 18% (20) (21).

Allergie aux protéines de lait de Vache et RGO ?

La régurgitation et les vomissements sont des manifestations cliniques bien connues de l’allergie alimentaire, principalement de l’allergie aux protéines du lait de vache (ACPM), qui représente l’allergie alimentaire la plus répandue chez les jeunes enfants (19). Nielsen et al. ont montré que 56% des enfants atteints de RGO grave présentaient un allergie aux protéines de lait de vache (22). Des études antérieures sur l’allergie alimentaire associée à des RGO chez les enfants ont montré des résultats similaires indiquant une association chez 43% à 48% des enfants (23) (24). Alors que la prévalence des diagnostics de RGO et d’allergies alimentaires a augmenté au cours de la dernière décennie, parallèlement à l’augmentation du nombre de prescriptions d’inhibiteurs de la pompe à protons et d’antagonistes des récepteurs H2, des questions se posent quant aux effets possibles d’une modification du pH gastrique sur le développement de l’allergie alimentaire (19). D’après des études chez l’animal, les médicaments antiacides entravent la digestion gastrique des protéines, avec le potentiel de formation de nouvelles protéines alimentaires, susceptibles de favoriser la synthèse des IgE spécifiques et de provoquer une allergie alimentaire (25). Trikha et al. ont montré que les enfants exposés à des inhibiteurs de l’acide gastrique dus au RGO étaient deux fois plus susceptibles de recevoir un diagnostic d’allergie alimentaire après un an de traitement que les témoins sains (26).

À quel âge cesse le reflux gastro-œsophagien ?

En règle générale, les régurgitations atteignent leur maximum à 4 mois (67%), commencent à diminuer vers 6 à 7 mois (21%) (15) et disparaissaient entre 10 et 14 mois (5%) lorsqu’ils passent à un régime plus solide et acquièrent une maturation neurodéveloppementale et une posture plus droite (6) (7) (27). Pourtant, dans une étude chez des jeunes adultes diagnostiqués dans l’enfance avec un RGO, il a été montré que près de 80% de ces patients présentaient au moins une fois par mois des brûlures d’estomac et/ou une régurgitation et un tiers prenait des médicaments antisécrétoires ou des inhibiteurs de la pompe à protons (28). Une autre étude suggère que chez un pourcentage important d’enfants atteints de RGO, les symptômes peuvent persister tout au long de l’adolescence jusqu’à l’âge adulte (19).

Le traitement du Reflux, un réel défi

Malgré la forte prévalence de la maladie, le RGO reste un défi, même pour le clinicien expérimenté. La gestion conservatrice est l’approche actuelle de première ligne en matière de RGO infantile. Cela va des modifications de l’alimentation et de la posture à la modification du régime alimentaire des nourrissons. Il existe des preuves de l’efficacité des épaississants pour lait infantile dans la réduction de la régurgitation visible (29) (30) (31) (32). Cependant, les épisodes de régurgitation interne ne sont probablement pas réduits (29). Les patients atteints de RGO douloureux peuvent également bénéficier d’un changement de position du corps, en les maintenant verticalement ou en position ventrale éveillée sous surveillance après les tétés (33) (34). Cependant, en raison de l’incidence accrue du syndrome de mort subite du nourrisson, il est déconseillé de mettre les bébés couchée sur le ventre pendant leur sommeil (4). Si cette prise en charge initiale n’améliore pas les symptômes, en raison du chevauchement fréquent entre le RGO et l’allergie aux protéines de lait de vache, les recommandations pédiatriques actuelles préconisent un essai de régime sans protéines de lait de vache de 2 à 4 semaines, soit en excluant le lait de l’alimentation maternelle du nourrisson allaité, soit en utilisant une préparation hydrolysée chez le nourrisson non allaité (19). En cas de signes douloureux trop important, les médicaments antisécrétoires constituent le traitement médicamenteux de base des patients atteints de RGO (19).

Et comment l’ostéopathie peut-elle soulager le RGO de mon bébé ?

Nombreux gastroentérologues s’entendent sur le fait que les nouveau-nés souffrent de régurgitations probablement à cause du régime liquide, de la posture en position couchée, d’un relâchement du sphincter inférieure de l’œsophage favorisé par la distension gastrique et l’augmentation de la pression intra-abdominale (5) (6) (12). Plusieurs études ostéopathiques sur l’adulte (35) (36) (37) (38) corroborent cette hypothèse de l’apparition du Reflux secondairement à un relâchement du sphincter inférieur de l’œsophage. En modifiant la posture dorso-lombaire et les tensions viscérales et musculaires notamment au niveau du diaphragme, l’ostéopathie favorise une diminution de la pression intra abdominale, une amélioration de l’activité gastrique (39) entrainant une meilleure fermeture du sphincter inférieur de l’estomac. D’autres études (40) (41) confirment que le traitement ostéopathique par son action sur le diaphragme augmente considérablement la tonicité du sphincter inferieur de l’œsophage et permet ainsi la fermeture de cette valve en dehors des repas. L’efficacité du traitement ostéopathique a aussi été démontré en mesurant le PH salivaire (42). Il a été prouvé que suite à l’intervention ostéopathique, le PH est nettement moins acide et donc moins corrosif pour l’œsophage, limitant ainsi les risques de brulure de l’œsophage.

Chez le bébé, l’apparition du RGO est peut-être aussi d’ordre neurologique. Méconnu médicalement, l’explication vient du fait que les nerfs qui contrôlent notamment la déglutition et la digestion passent au niveau occipitale (nuque). Cette zone peut subir des contraintes et irriter le passage des nerf crâniens N°10 (nerf vague), nerf n° 9 (glosso-pharyngien) et le nerf 12 (hypoglosse) pendant la grossesse, lors de l’expulsion et parfois après la naissance. Dès lors toutes les irritations et compressions de ces nerfs peuvent engendrer une dysfonction du fonctionnement du sphincter inférieur de l’œsophage favorisant un RGO. Des études ont montré que la correction tissulaire de la base du crane et de la colonne supérieure chez l’enfant réduit les symptômes gênants du RGO (43) (44).

Ainsi, Le choix des axes de travail sont différents d’un bébé à l’autre simplement car les reflux peuvent être causés par un ou plusieurs facteurs qui diffèrent d’un enfant à l’autre.

En complément du traitement ostéopathique, Il est possible de diminuer la survenue des régurgitations en appliquant quelques conseils pratiques concernant l’alimentation :

  • Respecter les quantités. Ne confondez pas un besoin de succion et un besoin de manger. N’oubliez pas que si l’estomac de l’adulte peut être comparable à un ballon de baudruche qui peut varier de volume, celui de votre bébé est un seau qui déborde si on le rempli de trop…
  • Faire attention à ce que le nourrisson n’ingurgite pas trop d’air (vérifier que sa tétine soit remplie de liquide mais pas d’air).
  • Régler la vitesse si cela est possible de la tétine, sinon incliner le biberon vers l’horizontale tout en vérifiant le premier principe. Si du lait sort de la bouche de bébé pendant qu’il tète, le débit est trop important pour lui.
  • Veillez à ce que des bulles se créent au moment de la tétée. Si ce n’est pas le cas, desserrer la bague du biberon, ça devrait être mieux.
  • Ne pas hésiter à faire une pause pendant le repas et à lui faire faire son rot, plus il évacue l’air de son estomac, moins votre bébé sera sujet à régurgiter. Si cela ne vient pas et qu’il réclame trop, c’est reparti.
  • Eviter tout ce qui pourrait comprimer l’abdomen du bébé pendant son repas (votre avant-bras mal positionné, votre ventre, etc…)
  • Et ne pas sauter le rot à la fin du repas ! Prendre son temps pour que votre bébé fasse son rot et ses gaz avant de le recoucher.
  • Enfin ne pas mettre sur le dos votre bébé de suite après un repas, la position dorsale favorise les remontées alimentaires. Par contre sous surveillance et éveillé, vous pouvez mettre votre bébé sur le ventre. Cette position favorise la sortie du rot et la digestion comme plusieurs études médicales l’ont prouvé mais attention ne jamais laisser dormir votre bébé sur le ventre à cause de la Mort Subite du Nourrisson.
Bibliographie

La question peut paraitre absurde de prime abord. Mais pour un ostéopathe c’est bien souvent une évidence : Oui l’ostéopathe peut soulager une partie des otites chroniques !

L’otite : à quoi cela correspond ?

Elle correspond à l’infection et l’inflammation de l’oreille. On distingue 3 types d’otites ; l’otite externe, l’otite moyenne aigue et l’otite séreuse. L’otite externe est une inflammation du conduit auditif externe due à une bactérie ou un champignon. L’otite moyenne aiguë est définie comme la présence d’un épanchement dans l’oreille moyenne avec des signes d’infection aiguë. L’otite séreuse est caractérisée par un épanchement rétro-tympanique sans processus infectieux aigue. En cas d’otite aigue, le liquide infecté dans l’oreille moyenne s’accompagne des symptômes comme l’otalgie, la fièvre, l’irritabilité, des problèmes de sommeil, un inconfort (comme se frotter ou se gratter les oreilles, parfois des douleurs abdominales et de la diarrhée). L’otite séreuse peut précéder et prédisposer au développement d’une otite moyenne aigue et/ou etre liée à un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache d’origine virale (1).

L’otite un problème très rependu

L’otite moyenne aiguë, avec ses complications, est un problème mondial très répandu et coûteux. C’est une des infections les plus fréquentes chez les enfants de moins de ­6 ans (2) et la quasi-totalité des enfants auront expérimenté au moins un épisode à l’âge de 3 ans (3). Aux États-Unis, près de 40% des enfants ont un épisode d’otite moyenne aigue à l’âge de 6 mois (4), ce taux passant à plus de 60% à 12 mois (5) et à plus de 90% à 2 ans (6). La prévalence des otites a été en forte hausse des années 1970 jusqu’aux années 2000. L’otite est responsable de 90% des prescriptions d’antibiotiques chez l’enfants de moins de 2 ans aux Etats-Unis (6) et l’un des raisons les plus fréquentes de chirurgie chez l’enfants d’âge préscolaire. Il en résulte un poids médical et financier considérable. Le coût économique aux États-Unis est estimé à plus de 5 milliards de dollars, et ce coût a été observé de manière similaire dans d’autres pays (7) (8) (9). La perte de productivité professionnelle des parents au cours des 3 mois qui ont suivi un épisode d’otite représente près de 90% du coût estimé qui représente aux États-Unis environ 1 300 $ par épisode d’otite (10).

La complication la plus courante de l’otite aigue est l’épanchement persistant de l’oreille moyenne dit otite séreuse, associé à une perte auditive à court terme, à une acquisition insuffisante du langage et à des problèmes de comportement (11) (12) (13). L’épanchement de l’oreille moyenne dure généralement 1 à 3 mois après un épisode d’otite aigue (14) (15). En 2004, trois associations ont collaboré à l’élaboration d’un guide de pratique clinique pour les otites séreuse (16). L’effet à long terme de l’otite séreuse persistante sur la perte auditive et le développement de la parole fait encore l’objet de discussions: certaines études ont signalé des problèmes de développement de la parole et une perte auditive légère à haute fréquence à l’âge de 7 ans (14) (17) (18) (19) et à l’âge adulte (20) (21). Pour les enfants à risque de problèmes d’élocution, de langage ou d’apprentissage, il est recommandé d’attendre au moins trois mois d’otite séreuse persistante et une perte auditive avant de procéder à la chirurgie car des conséquences à long terme de l’insertion d’un tube ventilatoire ont été reconnues (21) (22). L’effet négatif de l’otite séreuse persistante sur la qualité de vie de l’enfant et de ses parents est étudié depuis plus de 15 ans (23) (24) (25) (26). En raison de la prévalence, du coût et des complications des otites séreuses, d’autres traitements complémentaires et médicaux sont à l’étude (27) (28) (29).

Un peu d’anatomie pour comprendre l’apparition des otites

L’oreille moyenne est la partie de l’appareil auditif comprise entre l’oreille interne et externe, creusé dans l’os temporal. Elle comprend le tympan ainsi que la chaine ossiculaire (le marteau, l’enclume, et l’étrier). La caisse du tympan assure la transmission des sons du milieu aérien de l’oreille externe, vers le milieu liquidien de l’oreille interne, par l’intermédiaire de la fenêtre ovale. Elle communique directement avec le pharynx via la trompe d’Eustache (trompe auditive). C’est un conduit oblique qui est habituellement aplati et fermé et qui s’ouvre au cours de la déglutition et du bâillement (30).

Puisque l’oreille moyenne est creuse, un environnement de haute pression (comme l’eau) pose le risque de crever le tympan. Pallier à ce risque est la fonction des trompes d’Eustache. Mais chez l’enfant en bas âge, la trompe d’Eustache est particulièrement vulnérable aux dysfonctions car elle est courte, perméable et horizontale. Durant les premières années de vie, plusieurs changement morphologiques de la base du crâne ainsi que le développement du massif facial permettent une maturation progressive de la trompe auditive. Notamment son positionnement qui, en grandissant, va présenter un angle moins horizontal, expliquant la diminution de la fréquence des otites moyenne aigue après 6-7 ans (31).

Stenstrom et Bylander-Groth (32) ont démontré à l’aide d’une chambre à pression permettant d’évaluer la fonction de la trompe d’Eustache, que les enfants sujets aux otites moyennes aigues récurrentes ont une fonction active de la trompe diminuée, comparé aux enfants sans otite moyenne aigue.

Au niveau anatomique, en cas d’allergie, sorties dentaires, rhinopharyngite, hypertrophie des végétations adénoïdes, succion de la tétine,…, les tissus entourant la trompe d’Eustache gonflent et la trompe d’Eustache immature reste bloquée. L’air présent dans l’oreille moyenne est lentement absorbé par les tissus environnants. Une forte pression négative crée un vide dans l’oreille moyenne, qui finit par atteindre un point où le liquide des tissus environnants s’accumule dans l’oreille moyenne entrainant une otite séreuse. Secondairement, le fluide peut s’infecter par des bactéries dormantes situées derrière le tympan. Le processus pathologique s’auto induit car la trompe d’eustache a une augmentation des cellules caliciformes pendant et jusqu’à au moins 6 mois après une otite aigue, ​​quelle que soit la bactérie à l’origine de la maladie. Or, cette augmentation contribue à l’excès de mucus et à la détérioration de la fonction de la trompe d’eustache. L’otite moyenne aigue augmente ainsi la sécrétion de la trompe d’eustache, favorisant l’otite séreuse chronique qui augmente le risque de développer une otite aigue. Les défenses immunitaires immatures, la vie en collectivité, le tabagisme passif favorisent aussi la surinfection du liquide de l’oreille moyenne entrainant une augmentation des otites aigue chez l’enfant (33).

« le symptôme n’est rien, le terrain est tout »

Claude Bernard

L’ostéopathie : une discipline préventive pour l’otite ?

Pendant plus d’un siècle, l’ostéopathie dans le monde entier a fourni des preuves de l’effet bénéfique du traitement ostéopathique sur les enfants en complément du traitement médical (34) (35) (36) (37) (38) (39) (40). Aux États-Unis, un document de synthèse a été publié par le biais du magazine Ostéopathic Cranial Academy décrivant les lignes directrices pour le traitement ostéopathique des patients atteints d’otite moyenne (41).

Dans le traitement ostéopathique des otites, les sociétés savantes ostéopathiques recommandent de traiter en première intention les tensions et dysfonctions des structures crâniennes y compris les structures intra-buccales (42). En effet, les dysfonctions des structures crâniennes notamment au niveau de l’os temporal peuvent affecter directement la trompe d’Eustache, que l’on sait être la principale structure impliquée dans l’apparition des otites moyennes (43). Une étude canadienne (44) vient de montrer de manière significative que les otites sont plus fréquente en présence d’une dysfonction ostéopathique de l’os temporal. Ceci s’explique par l’anatomie : L’os temporale est formé de 3 os (tympanal, écaille et rocher) qui fusionnent vers l’âge de 1 an et de l’apophyse mastoïdienne du temporal qui se développe par la traction du muscle sternocléidomastoïdien lors du contrôle de la tête contre la gravité pendant les 2 premières années de vie (45) ; créant ainsi une fragilité chez le nouveau-né et le jeune enfant. L’exemple le plus visible est observé lors d’une plagiocéphalie (crâne plat). L’aplatissement du crâne d’un côté entraine une malposition des oreilles responsable de la perturbation de la verticalisation naturelle de la trompe auditive qui devient plus courte du côté de la malformation crânienne, limitant le drainage de la trombe d’eustache et favorisant les otites (46) (47).

Les techniques crâniennes les plus utilisées sont la techniques de «Galbreath» qui applique un mouvement rythmique à la mandibule visant à générer indirectement une action de pompage sur la trompe d’Eustache (42) et les techniques de «Muncie» et «Muncie modifiée», pour ouvrir la trompe d’eustache (48).

Dans la plus grande étude ostéopathique à ce jour, l’association du traitement ostéopathique en complément aux antibiotiques a diminué la fréquence des épisodes d’otite moyenne aigue et le traitement chirurgicale par tympanostomie chez les enfants à risque d’otite par rapport au traitement par antibiotiques sans ostéopathie (39). L’analyse des tympanogrammes a montré une amélioration statistiquement significative dans le groupe traité par osteopathie associé au traitement standard avec un taux de résolution de 68,4% des otites en 2 semaines, contre 42,1% dans le groupe traité par le traitement standard sans ostéopathie. Ces résultats sont conformes à l’essai contrôlé randomisé de Mills et al. en 2003, qui  a évalué l’efficacité de l’osteopathie dans le traitement de l’otite moyenne. Les patients du groupe traité par osteopathie ont eu moins d’épisodes d’otite aigue par mois (P = 0,04) et moins besoin de chirurgie par tubes de tympanostomie (P = 0,03). D’autres études ont montré que les traitement ostéopathiques administrés en complément des soins standard chez les enfants atteints d’otite moyenne aigue entraînaient une résolution plus rapide de l’épanchement de l’oreille moyenne après l’otite aigue, qu’il n’y avait pas d’effets indésirables graves et que les traitements ostéopathiques pouvaient modifier l’évolution des cas récurrents d’otites (49) (50) (40) (51).

Des études ostéopathiques et chiropratiques montrent aussi que le traitement par mobilisation cervicale peut soulager aussi les otites moyennes (52) (53). Une des hypothèses, implique également la trompe d’eustache indirectement, par l’impact de la mobilisation cervicale sur les systèmes lymphatique et musculaire. Le flux lymphatique nécessite des contractions musculaires, des pulsations artérielles et une compression externe des tissus corporels. L’hypothèse est que la limitation des mouvements articulaires dans la colonne cervicale peut entraîner une hypertonicité musculaire limitant le drainage lymphatique loin de la région crânienne. Cette hypothèse suggère que la mobilisation cervicale réduit la tension dans les muscles hypertoniques, augmentant ainsi le drainage lymphatique(54). Une autre hypothèse, attribue les effets des mobilisations cervicales aux modifications biomécaniques produit dans la colonne vertébrale, qui ensuite intervient dans les modifications de l’activité nerveuse sympathique ou parasympathique (52) (53). Froehle a examiné l’efficacité de la thérapie manuelle chez 46 enfants ayant des otites. Après les traitements, 93% des otites moyennes aigues se sont améliorés (55) . En 2004, Zhang et al. regardé la résolution de l’otite moyenne chez 21 enfants par thérapie manuelle et 95% des patients ont retrouvé un aspect tympanique d’apparence normale et une diminution de leurs fièvres (56) . Fallon (57) a examiné 332 enfants (âgés de 27 jours à 5 ans) présentant un diagnostic d’otite moyenne (aiguë ou chronique) pour tester l’efficacité de la thérapie manuelle, les enfants ayant été traité par ajustements manuelles ont obtenu des examens otoscopiques et tympanogrammes normaux après en moyenne 6,67 jours et ces enfants avaient également un taux global de récidive d’otite aigue de seulement 11% sur 6 mois (57).

D’autres études viennent aussi appuyer la démarche ostéopathique dans la prise en charge de l’otite moyenne (58) (59) (60), ainsi que les médecines alternatives en général (61). En conclusion, la sphère ORL étant un système composé d’éléments osseux, de sutures, d’une muqueuse et d’éléments vasculo-nerveux interagissant, en dehors des causalités médicales spécifiques qu’il convient d’éliminer, les problèmes rhinopharyngés chroniques peuvent être envisagés sous l’angle ostéopathique.

Bibliographie

La plagiocéphalie : mais qu’est-ce s’est réellement ?

La déformation crânienne positionnelle est une asymétrie résultant de l’application de forces externes sur le crâne malléable du nourrisson(1). Si les forces sont réparties uniformément, le crâne s’aplatit de manière symétrique à l’arrière du crâne, ce qui entraîne une brachycéphalie. Si les forces sont réparties de manière inégale, la tête prend une forme asymétrique, ce qui entraîne une plagiocéphalie positionnelle. La plupart des auteurs classifient les plagiocéphalies selon deux types(2) ; les plagiocéphalies occipito-pariétale présentant uniquement un plat unilatéral à l’arrière du crâne et les plagiocéphalies fronto-pariétale caractérisées par un plat unilatéral à l’arrière du crâne, une bosse frontale du même coté et souvent une asymétrie de la face (3). La fréquence des plagiocéphalies a très nettement augmenté ces dernières années (4) quand l’American Academy of Pediatrics (5) a recommandé de coucher les nourrissons sur le dos pour prévenir la Mort Subit du Nourrisson. En France notamment, les témoignages des médecins vont dans le sens d’une augmentation constante(6). L’incidence des plagiocéphalies est selon les auteurs d’environ 46,6 % (7) à 61% (8) et 63,8 % des plagiocéphalies sont classifiées dans les formes modérées à sévères (9).

Quelles peuvent en être les causes ?

Les facteurs de risque communément rapportés (10) sont le sexe masculins (72%), les enfants nés d’une mère primipare (45%), les accouchements assistés par instrument (45%), enfants nés prématurément (32%) ou d’une grossesse multiple (9%). Le manque de temps sur le ventre (11) (12), d’activité de l’enfant (12) (13), le déficit de motricité oculaire (14) (15), l’allaitement artificiel (11) (16) sont aussi connus comme facteurs favorisant les déformation crânienne. Pour de nombreux chercheurs, le facteur de risque crucial des plagiocéphalies (17) est le déséquilibre de mobilité cervicale, à type de torticolis postural dit « préférence positionnelle» ou de torticolis musculaire congénital, dû à la position fœtale et/ou à l’accouchement. La prévalence plus élevée d’aplatissement de l’occiput droit (9) a conduit les auteurs (18) (19) à penser que la plagiocéphalie est liée aux circonstances gestationnelles favorisant un déséquilibre musculaire cervicale chez 70 à 95% des plagiocéphales (20).

Pourquoi mon bébé a la tête plate ?

Ainsi, l’hypertonie du muscle sterno-cléido-occipito-mastoïdien (SCOM) controlatéral à l’aplatissement (18) (19) entraine une non variation de la tête pendant le sommeil (21) (22) favorisant l’aplatissement du côté de la position préférentielle de couchage (23). Le méplat constitué, l’enfant a tendance à se caler sur cette surface crânienne plate, plus stable qu’une surface sphérique. Par confort, l’enfant garde cette habitude de couchage et le méplat se pérennise (24) favorisant l’orientation du regard vers le coté de la rotation cervicale. Le déficit de motricité oculaire induit va augmenter la compensation en attitude vicieuse (14) (15) (25) modifiant l’organisation des coordinations perceptuelles-motrices émergentes et entrainant une sensorimotricité œil-main-bouche unilatérale. Le développement étant soumis aux expériences induites par le milieu dans lequel on vit, les dispositifs d’installation comme les transats ou cosy limitent l’accès de l’enfant à son environnement et favorisent un calage postural. Une triade torticolis, déformation crânienne, acquisition sensori-motrice unilatérale augmentée par de mauvaises habitudes environnementales semble donc s’auto-induire et s’auto-augmenter (1) (11). Tout nourrisson avec « une position cervicale préférée » devrait être considéré comme ayant un déséquilibre cervical, un torticolis, jusqu’à avérer autrement (18) car la plagiocéphalie est fortement associée à la durée et à la force de l’orientation asymétrique de la tête entre 3 et 6 semaines (22).

Bébé a la tête plate, est-ce dangereux ?

Beaucoup de médecins considèrent que la plagiocéphalie n’entraine qu’une symptomatologie mineure sans conséquences, néanmoins de nombreuses études prouvent que la plagiocéphalie est responsable de conséquences défavorables multiples (26). Elle est responsable de troubles de la vision  (27) en affectant le champ visuel provoquant des strabismes (28), astigmaties sur l’œil controlatérale au méplat (29) (30) (31). En effet, les ptosis (paupières moins ouvertes) unilatéraux fréquents dans les plagiocéphalies entrainent un astigmatisme même si la pupille n’est pas occluse totalement (32). Un nombre croissant de recherches fournit des preuves que la plagiocéphalie perturbe la santé bucco-dentaire (33). Elle peut provoquer des dysmorphologies de la mandibule, un déplacement antérieur de l’articulation temporo-mandibulaire, créer des troubles de l’occlusion à l’âge adulte(34) avec des problèmes de malocclusion et de mastication(35) (36) (37). Dans certaines plagiocéphalie apparaît une déformation asymétrique intrinsèque de la mandibule (38) pouvant affecter la succion (35). La malposition des oreilles liée à une plagiocéphalie affecte aussi le drainage de la trombe d’eustache pouvant entrainer des otites (39) (40). Les chercheurs retrouvent aussi des conséquences sur la posture avec des anomalies de la statique vertébrale (41), du tonus musculaire (12) (13), une diminution de l’équilibre entre 3 et 5 ans (42), des scolioses idiopathiques (43), confirmant ainsi que cette problématique ne se limite pas à des répercussions d’ordre esthétique. De nombreuses études suggèrent des retards significatifs de développement sur le plan cognitif et psychomoteur (10) (44) (45) (46) (47) (48) à type de retard moteur  (49) (50) (51), de trouble de l’apprentissage du langage (52), d’un besoin plus fréquent de soutien scolaire et paramédical (53) (54). Aucun effet dose-réponse ne semble apparaitre entre la sévérité du méplat et les conséquences psychomotrices engendrées (47) (52) (55). La plagiocéphalie favorise des retards dans le développement des compétences motrices et cognitifs par les substrats biologiques qu’ils partagent (56) (57).

A quel moment mon bébé risque-t-il de se déformer le crane ?

La plagiocéphalie touche les très jeunes enfants avec un risque d’installation accru entre 3 semaines et 4 mois (13). Il est communément admis que les plagiocéphalies ne disparaissent pas sans intervention et ont tendance à s’accentuer avec le temps (1). Les études sur l’évolution des déformations crâniennes sont unanimes sur le fait que le taux de correction des déformations crâniennes diminue à mesure que les nourrissons vieillissent, et une quantité importante d’asymétrie est encore présente à 12 mois (1). 46% des plagiocéphales à douze mois l’étaient toujours à 2 ans (13). Les suivis anthropométriques prouvent que les asymétries modérées à sévères persistent dans le temps en l’absence de traitement (26) (58) (59) (60). Cavalier (6) suggère qu’une intervention précoce, dès la maternité, permet de réduire significativement la prévalence de la plagiocéphalie à 4 mois de vie. La croissance du neurocrâne étant largement déterminée par la croissance du cerveau, qui se développe rapidement et atteint 90% de sa taille adulte à l’âge de 1 an (61), il est nécessaire de commencer le traitement au plus tôt (21) (24) (62) (63), dès la maternité (64). En effet, le torticolis postural étant fréquent chez 92% des nouveau-né à la naissance (18) et fortement sous-estimé par l’équipe médicale (14) (18), le traitement en maternité devrait être systématique. A 9 semaines, 92,7% des nourrissons présentent déjà un certain degré asymétrie crânienne (21) et 100% des nourrissons qui à 4 mois, ont une coté préférentiel, développent une plagiocéphalie (65).

Comment prévenir la plagiocéphalie ?

Lorsqu’un nourrisson a une préférence de position de tête, il a 4 fois plus de probabilité de développer une plagiocéphalie (66). Il est donc très important de réduire le déséquilibre musculaire chez les jeunes enfants atteints de torticolis(67). Le traitement le plus recommandé par les chercheurs est la prévention(68) par l’éducation parentale précoce  (64) en informant les parents sur les conseils de positionnement à adopter (17) (64) répertoriées par l’American Academy of Pediatrics(69). La prévention par repositionnement n’est possible que chez les nourrissons très jeunes et immobiles avant 4 mois (70) (71). Malheureusement, le repositionnement ne semble empêcher que partiellement l’apparition des plagiocéphalies (72) et est généralement inefficace pour corriger l’aplanissement établi (73). La kinésithérapie est prescrite (74) (75) (76), mais ne semble pas non plus pouvoir corriger entièrement les défauts de forme crânienne. Dans les cas de plagiocéphalies sévères ou réfractaires à un traitement conservateur, les orthèses crâniennes peuvent être proposée (77) si les approches antérieures se révèlent insuffisantes (16) (78). Pour un meilleur résultat, le traitement par orthèse est commencé à 6 mois (55). L’orthèse peut entrainer une dermatite de contact, des plaies de pression, une irritation cutanée localisée, une transpiration malodorante et un stigmate de l’utilisation du casque (62) (68). Le recours à la thérapie par casque est coûteux (1000 à 5000 $ USA(53) (68) et actuellement non remboursé par la CPAM. Pour éviter les interventions coûteuses et invasives telles que les orthèses crâniennes (14) et les conséquences dans la vie future (79), le traitement du manque de mobilité cervicale durant la première semaine de vie est crucial (17).

Plagiocéphalie : quel traitement ?

L’ostéopathie par ses capacités à débloquer en douceur les verrouillages cervicaux notamment de l’articulation C0/C1, à relâcher les tensions musculaires va favoriser le développement des territoires suturaux fortement mécano-dépendant et permettre l’alternance spontanée du positionnement de la tête entrainant par mécano transduction la croissance osseuse locale et l’amélioration significative de la rondeur du crâne (80). L’Inserm (81), confirme que : « l’ostéopathe possède des compétences spécifiques pour agir sur les dysfonctionnements crâniens et traiter les plagiocéphalies ».  En effet, l’ostéopathe va pouvoir équilibrer et harmoniser des accumulations de liquide cérébrospinal (LCR), souvent présentent chez les nouveau-nés plagiocéphales, dans les régions de croissance compensatrices (82). Cette dilatation des espaces subarachnoïdiens transmises par les pulsations crâniennes jouent un rôle important dans le développement des malformations du crâne des nourrissons (83). De nombreux spécialistes envisagent l’ostéopathie comme traitement possible des plagiocéphalies (16) (62) (67) (84) (85). L’ostéopathie est très plébiscitée par les parents (17) (86) et les enfants de moins de 2 ans représentent 10% des consultations en ostéopathie(81). En corrigeant les dysfonctions fréquentes de la mandibule chez les enfants plagiocéphales, le traitement ostéopathique va favoriser l’allaitement maternelle qui est un des facteurs limitant les risques de plagiocéphalie (11) (13) (16) et une prérogative de nombreuses organisations, nationales et internationales, telles que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la Haute Autorité de Santé (HAS) (87) (88).

Quelques études confirment l’efficacité de l’ostéopathie à réduire l’aplatissement crânien et améliorer la motricité de l’enfant plagiocéphale. En 2006, en France une étude rétrospective portant sur 649 enfants (89), a mis en évidence une corrélation significative entre la plagiocéphalie et les dysfonctions de la synchondrose sphéno-occipital mais aussi entre le dysfonctionnement de la rotation de l’occiput sur l’atlas et le côté de l’aplatissement. L’analyse statistique de cette étude montre une prédominance significative de garçons (60,7%), né d’une mère primipare (49,1%). L’auteur propose qu’un examen ostéopathique néonatal complet puisse identifier les enfants prédisposés à développer une plagiocéphalie. Entre 2006 et 2017, 4 études ont été publié, leurs résultats démontrent un effet bénéfique au traitement ostéopathique dans le traitement des plagiocéphalies installées. En 2006 à l’université d’Heidelberg, une étude par vidéo-analyse (90) a prouvé qu’un traitement ostéopathique au cours des premiers mois de vie améliore considérablement le degré d’asymétrie posturale. Plus récemment en 2011 au Canada (91), les résultats d’une étude confirment l’hypothèse qu’un traitement ostéopathique suivi toutes les deux semaines contribuent à l’amélioration des asymétries crâniennes chez les nourrissons de moins de 6 mois et demi. En 2016 en Espagne, a été réalisé une étude portant sur des nourrissons d’environ 6 mois atteints de plagiocéphalie sévère, les résultats montrent que l’ostéopathie ajoutée au traitement standard des plagiocéphalies sévères réduit la durée du traitement et permet d’obtenir un score de développement moteur adéquat et une forme de crâne plus ronde plus rapidement (92). Enfin en 2017, l’étude italienne(93) confirme l’hypothèse selon laquelle le traitement ostéopathique contribue à l’amélioration des asymétries crâniennes chez les nourrissons de moins de 6 mois et demi présentant une plagiocéphalie. 90% des enfants traités ont montré une diminution significative des mesures antropométriques, 50% affichaient une déviation de l’oreille de moins de 4% et 30% n’avaient plus d’asymétrique de positionnement de l’oreille. Ces études montrent toutes une amélioration statistiquement significative des asymétries crâniennes des nourrissons ayant une plagiocéphalie installée. Le traitement ostéopathique doit être associé à la prévention parentale qui est cruciale (64) (95) mais optimale avant les 4 mois de l’enfant (91). Selon une étude médicale (86), la transmission des gestes de prévention est mieux assimilée lorsqu’elle est expliquée verbalement par un ostéopathe. Des exercices basés sur une approche sensitivomotrice (96) favorisent l’instrumentation du membre supérieur négligé en cas d’installation d’une préférence positionnelle cervicale. L’intégration du membre supérieur stimulée par les récepteurs sensoriels de l’enfant, rééquilibre la musculature cervicale et favorise le remodelage du crâne de l’enfant (6). Etant libre de ses mouvements, si les parents ont de bonnes habitudes de précaution de la plagiocéphalie, alors l’enfant va mobiliser ses cervicales des deux côtés, développer ses acquisitions sensori-motrices bilatéralement et rapidement renforcer sa chaine musculaire postérieure.

Bibliographie

Le reflux œsophagien une maladie fréquente

Le reflux gastro-œsophagien (RGO), plus communément appelé reflux gastrique, est caractérisé par la remontée d’une partie du contenu de l’estomac très acides dans l’œsophage.  Bien qu’il ne soit pas considéré comme une maladie grave (1), le RGO est l’un des troubles les plus courants du système gastro-intestinal (2) et l’une des maladie les plus rependues dans la pratique clinique (3). Il a un impact médico-sociale très important, avec une prévalence élevée et croissante allant jusqu’à 20% de la population (4) : 8 à 20% ont une fréquence hebdomadaire (5), et 5 à 10% ont une fréquence quotidienne (6), touchant autant les femmes que les hommes et concerne à la fois les nourrissons, les adultes et les sujets âgés. Le RGO se manifeste souvent après les repas ou pendant la nuit. Cette pathologie peut provoquer une gêne importante pour le patient, principalement quand le reflux devient chronique, et peut entraîner des lésions importantes à type d’œsophagites et d’endobrachyoesophage. Il est à l’origine de divers symptômes qui ont un impact négatif sur la qualité de vie (10) et sur l’économie (11). Aux Etats Unis, le RGO a les coûts directs annuels les plus élevés de toutes les maladies gastro-intestinales, soit 9,3 milliards de dollars (13) lié aux médicaments (anti sécrétoires et antiacides) et aux examens complémentaires. Jusqu’à 10% des patients souffrant de RGO doivent s’absenter du travail (12), environ 60% ont des perturbation du sommeil dû aux brûlures d’estomac qui finit souvent par limiter leurs activités quotidiennes (5) et 10% auront un RGO chronique (6).

Les facteurs qui le favorisent sont certains aliments et médicaments, l’alcool, le stress, le sport ou un problème psychologique (14). Le reflux gastrique peut recouvrir deux types de symptômes (15) ; les symptômes typiques (7) (8) à type de brulure rétrosternale (pyrosis) et de régurgitations acides mais aussi des manifestations atypiques (9) (3) à type de dyspepsie, de toux, des symptômes pharyngés ou laryngés (enrouement), des douleurs thoraciques. Les populations les plus exposées sont les personnes souffrant d’une hernie hiatale, les femmes enceintes de façon transitoire (notamment au cours des derniers mois de grossesse car le fœtus exerce en effet une pression supplémentaire sur l’estomac), les personnes en surpoids (notamment en raison d’une plus grande pression abdominale) et les personnes de plus de 50 ans (avec l’âge, le sphincter œsophagien se relâche plus facilement et peut entraîner du reflux).

Le RGO, une origine multifactorielle

Le reflux gastrique est multifactoriel mais fait intervenir principalement une défaillance du sphincter inférieur de l’œsophage qui se situe à la jonction entre l’œsophage et l’estomac (16). Lors de la déglutition, en temps normal, ce sphincter se relâche et s’ouvre afin de permettre au bol alimentaire de passer dans l’estomac (17). Lorsque celui-ci s’ouvre en dehors de la déglutition, cela provoque une remontée du contenu de l’estomac dans l’œsophage, ce qui peut provoquer une inflammation de la muqueuse.

Plusieurs études médicales montrent un lien significatif entre des problèmes de posture au niveau de la colonne vertébrale et la présence de reflux gastro-œsophagien. En effet, une récente étude en 2018 (19) vient de prouver qu’une hypercyphose thoraco-lombaire (posture du dos fléchie vers l’avant) influençait significativement la présence de reflux gastro-œsophagien et que le fait de corriger chirurgicalement cette “déformation” de la colonne réduisait les symptômes du reflux. Une autre étude parue en 2012 avait déjà conclu que “la cyphose lombaire et la faiblesse des muscles du dos étaient des facteurs de risque importants pour le développement de symptômes de reflux gastro-œsophagien” (20). De même en 2011, une étude a montré que l’activité myoélectrique de l’estomac était inhibée dans la posture de flexion lombaire (21). Une des explications avancées par les chercheurs est qu’une flexion dorso-lombaire accentuée, augmente la pression intra-abdominale exercée sur l’estomac modifiant l’ouverture du sphincter inférieur de l’œsophage provoquant ainsi dans certain cas des symptômes de reflux gastriques.

Composant musculaire essentiel du sphincter inférieur de l’œsophage, le diaphragme s’attache à la fois sur les côtes et les vertèbres dorso-lombaire de D12 à L4. Il est aussi innervé par un contingent de nerfs en étroite relation avec la colonne vertébrale. Ainsi, une dysfonction vertébrale pourrait interférer avec ses attaches musculaires et son contrôle nerveux et provoquer son relâchement et une ouverture du sphincter inférieur de l’œsophage facilitant alors les reflux gastriques. Cette hypothèse explique probablement en bonne partie l’efficacité remarquable de la médecine manuelle dans le contrôle des reflux gastro-œsophagiens. Médicalement, il a été mis en évidence une déficience du diaphragme chez les patients présentant un RGO (18).

L’ostéopathie : un thérapie pérenne dans le traitement fonctionnel des reflux gastriques

De nombreux patients ont rapporté avoir ressenti une amélioration de leurs symptômes de leur reflux gastro-œsophagien suite aux soins ostéopathiques. L’hypothèse de la défaillance diaphragmatique et des perturbations de la biomécanique dorso-lombaire pourrait fournir une explication aux nombreux témoignages des patients à ce sujet.

Plusieurs études ostéopathiques (22) (23) (24) (25) corroborent cette hypothèse. En modifiant la posture dorso-lombaire et les tensions viscérales et musculaires notamment au niveau du diaphragme, l’ostéopathie favorise une diminution de la pression intra abdominale, une amélioration de l’activité myoélectrique gastrique (26) entrainant une meilleure fermeture du sphincter inférieur de l’estomac. D’autres études (16) (27) confirment que le traitement ostéopathique par son action sur le diaphragme augmente considérablement la tonicité du sphincter inferieur de l’œsophage et permet ainsi la fermeture de cette valve en dehors des repas. L’efficacité du traitement ostéopathique a aussi été démontré en mesurant le PH salivaire (28). Il a été prouvé que suite à l’intervention ostéopathique, le PH est nettement moins acide et donc moins corrosif pour l’œsophage, limitant ainsi les risques de brulure de l’œsophage. A la compréhension de cette biomécanique, il parait opportun de consulter un ostéopathe pour redonner une bonne mobilité articulaire à la colonne vertébrale, une équilibration du diaphragme, de l’estomac et de l’œsophage. En fonction de la nature du reflux, le traitement sera uniquement ostéopathique ou accompagné d’autres actes médicaux. Dans le premier cas, une à trois consultations d’ostéopathie sont efficaces.

Bibliographie