Le reflux œsophagien une maladie fréquente

Le reflux gastro-œsophagien (RGO), plus communément appelé reflux gastrique, est caractérisé par la remontée d’une partie du contenu de l’estomac très acides dans l’œsophage.  Bien qu’il ne soit pas considéré comme une maladie grave (1), le RGO est l’un des troubles les plus courants du système gastro-intestinal (2) et l’une des maladie les plus rependues dans la pratique clinique (3). Il a un impact médico-sociale très important, avec une prévalence élevée et croissante allant jusqu’à 20% de la population (4) : 8 à 20% ont une fréquence hebdomadaire (5), et 5 à 10% ont une fréquence quotidienne (6), touchant autant les femmes que les hommes et concerne à la fois les nourrissons, les adultes et les sujets âgés. Le RGO se manifeste souvent après les repas ou pendant la nuit. Cette pathologie peut provoquer une gêne importante pour le patient, principalement quand le reflux devient chronique, et peut entraîner des lésions importantes à type d’œsophagites et d’endobrachyoesophage. Il est à l’origine de divers symptômes qui ont un impact négatif sur la qualité de vie (10) et sur l’économie (11). Aux Etats Unis, le RGO a les coûts directs annuels les plus élevés de toutes les maladies gastro-intestinales, soit 9,3 milliards de dollars (13) lié aux médicaments (anti sécrétoires et antiacides) et aux examens complémentaires. Jusqu’à 10% des patients souffrant de RGO doivent s’absenter du travail (12), environ 60% ont des perturbation du sommeil dû aux brûlures d’estomac qui finit souvent par limiter leurs activités quotidiennes (5) et 10% auront un RGO chronique (6).

Les facteurs qui le favorisent sont certains aliments et médicaments, l’alcool, le stress, le sport ou un problème psychologique (14). Le reflux gastrique peut recouvrir deux types de symptômes (15) ; les symptômes typiques (7) (8) à type de brulure rétrosternale (pyrosis) et de régurgitations acides mais aussi des manifestations atypiques (9) (3) à type de dyspepsie, de toux, des symptômes pharyngés ou laryngés (enrouement), des douleurs thoraciques. Les populations les plus exposées sont les personnes souffrant d’une hernie hiatale, les femmes enceintes de façon transitoire (notamment au cours des derniers mois de grossesse car le fœtus exerce en effet une pression supplémentaire sur l’estomac), les personnes en surpoids (notamment en raison d’une plus grande pression abdominale) et les personnes de plus de 50 ans (avec l’âge, le sphincter œsophagien se relâche plus facilement et peut entraîner du reflux).

Le RGO, une origine multifactorielle

Le reflux gastrique est multifactoriel mais fait intervenir principalement une défaillance du sphincter inférieur de l’œsophage qui se situe à la jonction entre l’œsophage et l’estomac (16). Lors de la déglutition, en temps normal, ce sphincter se relâche et s’ouvre afin de permettre au bol alimentaire de passer dans l’estomac (17). Lorsque celui-ci s’ouvre en dehors de la déglutition, cela provoque une remontée du contenu de l’estomac dans l’œsophage, ce qui peut provoquer une inflammation de la muqueuse.

Plusieurs études médicales montrent un lien significatif entre des problèmes de posture au niveau de la colonne vertébrale et la présence de reflux gastro-œsophagien. En effet, une récente étude en 2018 (19) vient de prouver qu’une hypercyphose thoraco-lombaire (posture du dos fléchie vers l’avant) influençait significativement la présence de reflux gastro-œsophagien et que le fait de corriger chirurgicalement cette “déformation” de la colonne réduisait les symptômes du reflux. Une autre étude parue en 2012 avait déjà conclu que “la cyphose lombaire et la faiblesse des muscles du dos étaient des facteurs de risque importants pour le développement de symptômes de reflux gastro-œsophagien” (20). De même en 2011, une étude a montré que l’activité myoélectrique de l’estomac était inhibée dans la posture de flexion lombaire (21). Une des explications avancées par les chercheurs est qu’une flexion dorso-lombaire accentuée, augmente la pression intra-abdominale exercée sur l’estomac modifiant l’ouverture du sphincter inférieur de l’œsophage provoquant ainsi dans certain cas des symptômes de reflux gastriques.

Composant musculaire essentiel du sphincter inférieur de l’œsophage, le diaphragme s’attache à la fois sur les côtes et les vertèbres dorso-lombaire de D12 à L4. Il est aussi innervé par un contingent de nerfs en étroite relation avec la colonne vertébrale. Ainsi, une dysfonction vertébrale pourrait interférer avec ses attaches musculaires et son contrôle nerveux et provoquer son relâchement et une ouverture du sphincter inférieur de l’œsophage facilitant alors les reflux gastriques. Cette hypothèse explique probablement en bonne partie l’efficacité remarquable de la médecine manuelle dans le contrôle des reflux gastro-œsophagiens. Médicalement, il a été mis en évidence une déficience du diaphragme chez les patients présentant un RGO (18).

L’ostéopathie : un thérapie pérenne dans le traitement fonctionnel des reflux gastriques

De nombreux patients ont rapporté avoir ressenti une amélioration de leurs symptômes de leur reflux gastro-œsophagien suite aux soins ostéopathiques. L’hypothèse de la défaillance diaphragmatique et des perturbations de la biomécanique dorso-lombaire pourrait fournir une explication aux nombreux témoignages des patients à ce sujet.

Plusieurs études ostéopathiques (22) (23) (24) (25) corroborent cette hypothèse. En modifiant la posture dorso-lombaire et les tensions viscérales et musculaires notamment au niveau du diaphragme, l’ostéopathie favorise une diminution de la pression intra abdominale, une amélioration de l’activité myoélectrique gastrique (26) entrainant une meilleure fermeture du sphincter inférieur de l’estomac. D’autres études (16) (27) confirment que le traitement ostéopathique par son action sur le diaphragme augmente considérablement la tonicité du sphincter inferieur de l’œsophage et permet ainsi la fermeture de cette valve en dehors des repas. L’efficacité du traitement ostéopathique a aussi été démontré en mesurant le PH salivaire (28). Il a été prouvé que suite à l’intervention ostéopathique, le PH est nettement moins acide et donc moins corrosif pour l’œsophage, limitant ainsi les risques de brulure de l’œsophage. A la compréhension de cette biomécanique, il parait opportun de consulter un ostéopathe pour redonner une bonne mobilité articulaire à la colonne vertébrale, une équilibration du diaphragme, de l’estomac et de l’œsophage. En fonction de la nature du reflux, le traitement sera uniquement ostéopathique ou accompagné d’autres actes médicaux. Dans le premier cas, une à trois consultations d’ostéopathie sont efficaces.

Bibliographie