Ostéopathie en Oncologie

On estime à 399 500 le nombre de nouveaux cas de cancer diagnostiqués en 2017 en France. Les taux d’incidence sont estimés à 353,2 pour 100 000 hommes et 284,5 pour 100 000 femmes(1). La plainte la plus courante, chez les patients atteints de cancer, est la douleur chronique, avec une incidence comprise entre 83% et 93% chez les personnes âgées(2). Compte tenu de la complexité médicale des patients atteints d’un cancer, la gestion de la douleur n’est pas simple et constitue l’un des aspects les plus importants des soins en oncologie(3). La douleur a une prévalence comprise entre 40% et 90% chez les patients en oncologie(4). Le traitement du cancer chez les patients doit être personnalisé en raison de la diversité de la population en termes d’espérance de vie, de déficiences fonctionnelles, de facteurs sociaux, économiques et émotionnels(5). Dans certains établissements de soins en oncologie, les patients ne reçoivent généralement qu’un soutien pharmacologique pour faire face à la douleur chronique(6). Il pourrait être utile d’introduire quelques stratégies alternatives permettant de soulager la douleur cancéreuse(7); La thérapie par médecine complémentaire et alternative est en train de devenir un concept important pour la gestion de la douleur chez les patients cancéreux(8). Selon une étude américaine, 48% des patients traités par chimiothérapie et radiothérapie ont recours à des médecines complémentaires(9). Parmi elles, on retrouve souvent l’ostéopathie(10) reconnu comme moyen non pharmacologique dans le traitement de la douleur chronique chez les personnes âgées(11) (12) (13).

Plusieurs études ont récemment testé l’intérêt de l’ostéopathie en tant que thérapie complémentaire dans un service d’oncologie. Les résultats se sont avérés positifs sur la qualité de vie, les perturbations du sommeil, les dyspnées, la diminution des effets secondaires pendant la période de chimiothérapie(14) (15). Une des études(15) montre qu’un suivi ostéopathique chez les patients sous chimiothérapie a permis de réduire les symptômes de douleur dans 66 % des cas, la fatigue dans 61 % et les nausées-vomissements dans 56 %. D’autres études (16) (17) (18) ont observé que le traitement ostéopathique de la région hépatique permettait de diminuer l’ensemble des symptômes digestifs ressentis par les patients (nausées, vomissements, diarrhées et constipation). Enfin des études (19) (20), ont montré une efficacité notable de l’ostéopathie à réduite la douleur chez les patients cancéreux.

L’ostéopathie ne peut donc pas guérir des affections telles que le cancer, mais elle peut avoir une action sur les conséquences de cette pathologie ; en particulier sur les douleurs, par la libération de tensions des structures environnantes. L’ostéopathe peut ainsi aider les patients à mieux récupérer après un traitement chirurgical, radiothérapique ou pour les effets secondaires de la chimiothérapie.

En respectant un des principes fondamentaux de l’ostéopathie, « l’unité du corps », l’ostéopathie va permettre de proposer au patient un traitement ostéopathique global, adapté à chacun. Il est primordial de pouvoir traiter le patient dans sa globalité car toutes les parties du corps sont reliées par la vascularisation, le système nerveux, le tissu conjonctif, le système lymphatique et hormonal. Cette démarche globaliste va permettre de prendre en charge à la fois les effets secondaires chimio-induits, les douleurs non liées à la chimiothérapie ou au cancer lui-même, qui peuvent également perturber la qualité de vie des patients.

Compte tenu du rôle essentiel du foie dans le métabolisme des agents anti-cancéreux et dans la fonction digestive en général, si souvent perturbée pendant les périodes de traitement chimiothérapique, l’ostéopathe vérifiera automatique la région hépatique à chaque consultation.

Les mains de l’ostéopathe vont chercher, trouver et réharmoniser l’ensemble des structures perturbées dans leur mobilité afin de pouvoir aider en globalité les patients atteints de cancer sous traitement médical. Dès lors, l’ostéopathie peut être considérée dans cet environnement, comme une thérapie palliative complémentaire à ne pas négliger.

Bibliographie

Le reflux œsophagien une maladie fréquente

Le reflux gastro-œsophagien (RGO), plus communément appelé reflux gastrique, est caractérisé par la remontée d’une partie du contenu de l’estomac très acides dans l’œsophage.  Bien qu’il ne soit pas considéré comme une maladie grave (1), le RGO est l’un des troubles les plus courants du système gastro-intestinal (2) et l’une des maladie les plus rependues dans la pratique clinique (3). Il a un impact médico-sociale très important, avec une prévalence élevée et croissante allant jusqu’à 20% de la population (4) : 8 à 20% ont une fréquence hebdomadaire (5), et 5 à 10% ont une fréquence quotidienne (6), touchant autant les femmes que les hommes et concerne à la fois les nourrissons, les adultes et les sujets âgés. Le RGO se manifeste souvent après les repas ou pendant la nuit. Cette pathologie peut provoquer une gêne importante pour le patient, principalement quand le reflux devient chronique, et peut entraîner des lésions importantes à type d’œsophagites et d’endobrachyoesophage. Il est à l’origine de divers symptômes qui ont un impact négatif sur la qualité de vie (10) et sur l’économie (11). Aux Etats Unis, le RGO a les coûts directs annuels les plus élevés de toutes les maladies gastro-intestinales, soit 9,3 milliards de dollars (13) lié aux médicaments (anti sécrétoires et antiacides) et aux examens complémentaires. Jusqu’à 10% des patients souffrant de RGO doivent s’absenter du travail (12), environ 60% ont des perturbation du sommeil dû aux brûlures d’estomac qui finit souvent par limiter leurs activités quotidiennes (5) et 10% auront un RGO chronique (6).

Les facteurs qui le favorisent sont certains aliments et médicaments, l’alcool, le stress, le sport ou un problème psychologique (14). Le reflux gastrique peut recouvrir deux types de symptômes (15) ; les symptômes typiques (7) (8) à type de brulure rétrosternale (pyrosis) et de régurgitations acides mais aussi des manifestations atypiques (9) (3) à type de dyspepsie, de toux, des symptômes pharyngés ou laryngés (enrouement), des douleurs thoraciques. Les populations les plus exposées sont les personnes souffrant d’une hernie hiatale, les femmes enceintes de façon transitoire (notamment au cours des derniers mois de grossesse car le fœtus exerce en effet une pression supplémentaire sur l’estomac), les personnes en surpoids (notamment en raison d’une plus grande pression abdominale) et les personnes de plus de 50 ans (avec l’âge, le sphincter œsophagien se relâche plus facilement et peut entraîner du reflux).

Le RGO, une origine multifactorielle

Le reflux gastrique est multifactoriel mais fait intervenir principalement une défaillance du sphincter inférieur de l’œsophage qui se situe à la jonction entre l’œsophage et l’estomac (16). Lors de la déglutition, en temps normal, ce sphincter se relâche et s’ouvre afin de permettre au bol alimentaire de passer dans l’estomac (17). Lorsque celui-ci s’ouvre en dehors de la déglutition, cela provoque une remontée du contenu de l’estomac dans l’œsophage, ce qui peut provoquer une inflammation de la muqueuse.

Plusieurs études médicales montrent un lien significatif entre des problèmes de posture au niveau de la colonne vertébrale et la présence de reflux gastro-œsophagien. En effet, une récente étude en 2018 (19) vient de prouver qu’une hypercyphose thoraco-lombaire (posture du dos fléchie vers l’avant) influençait significativement la présence de reflux gastro-œsophagien et que le fait de corriger chirurgicalement cette “déformation” de la colonne réduisait les symptômes du reflux. Une autre étude parue en 2012 avait déjà conclu que “la cyphose lombaire et la faiblesse des muscles du dos étaient des facteurs de risque importants pour le développement de symptômes de reflux gastro-œsophagien” (20). De même en 2011, une étude a montré que l’activité myoélectrique de l’estomac était inhibée dans la posture de flexion lombaire (21). Une des explications avancées par les chercheurs est qu’une flexion dorso-lombaire accentuée, augmente la pression intra-abdominale exercée sur l’estomac modifiant l’ouverture du sphincter inférieur de l’œsophage provoquant ainsi dans certain cas des symptômes de reflux gastriques.

Composant musculaire essentiel du sphincter inférieur de l’œsophage, le diaphragme s’attache à la fois sur les côtes et les vertèbres dorso-lombaire de D12 à L4. Il est aussi innervé par un contingent de nerfs en étroite relation avec la colonne vertébrale. Ainsi, une dysfonction vertébrale pourrait interférer avec ses attaches musculaires et son contrôle nerveux et provoquer son relâchement et une ouverture du sphincter inférieur de l’œsophage facilitant alors les reflux gastriques. Cette hypothèse explique probablement en bonne partie l’efficacité remarquable de la médecine manuelle dans le contrôle des reflux gastro-œsophagiens. Médicalement, il a été mis en évidence une déficience du diaphragme chez les patients présentant un RGO (18).

L’ostéopathie : un thérapie pérenne dans le traitement fonctionnel des reflux gastriques

De nombreux patients ont rapporté avoir ressenti une amélioration de leurs symptômes de leur reflux gastro-œsophagien suite aux soins ostéopathiques. L’hypothèse de la défaillance diaphragmatique et des perturbations de la biomécanique dorso-lombaire pourrait fournir une explication aux nombreux témoignages des patients à ce sujet.

Plusieurs études ostéopathiques (22) (23) (24) (25) corroborent cette hypothèse. En modifiant la posture dorso-lombaire et les tensions viscérales et musculaires notamment au niveau du diaphragme, l’ostéopathie favorise une diminution de la pression intra abdominale, une amélioration de l’activité myoélectrique gastrique (26) entrainant une meilleure fermeture du sphincter inférieur de l’estomac. D’autres études (16) (27) confirment que le traitement ostéopathique par son action sur le diaphragme augmente considérablement la tonicité du sphincter inferieur de l’œsophage et permet ainsi la fermeture de cette valve en dehors des repas. L’efficacité du traitement ostéopathique a aussi été démontré en mesurant le PH salivaire (28). Il a été prouvé que suite à l’intervention ostéopathique, le PH est nettement moins acide et donc moins corrosif pour l’œsophage, limitant ainsi les risques de brulure de l’œsophage. A la compréhension de cette biomécanique, il parait opportun de consulter un ostéopathe pour redonner une bonne mobilité articulaire à la colonne vertébrale, une équilibration du diaphragme, de l’estomac et de l’œsophage. En fonction de la nature du reflux, le traitement sera uniquement ostéopathique ou accompagné d’autres actes médicaux. Dans le premier cas, une à trois consultations d’ostéopathie sont efficaces.

Bibliographie