Rien n’épargne la femme enceinte. Lombalgie, sciatique, reflux acides, essoufflement, et bien d’autres troubles sont la conséquence plus ou moins directe de votre grossesse. Parmi ces troubles, les insuffisance veineuses peuvent également se réveiller au cours de votre grossesse. Disgracieuses, elles peuvent être douloureuses et ne sont pas à négliger.

L’insuffisance veineuse, qu’est ce que c’est exactement ?

L’insuffisance veineuse des membres inférieurs est une des affections les plus fréquentes dans les pays industrialisés. Environ une femme sur deux constate l’apparition de désordres veineux au cours de sa grossesse, le plus souvent au cours de la deuxième grossesse, et dans plus de la moitié des cas dès le premier trimestre, avec un pic au cinquième mois (1).

L’insuffisance veineuse entraîne l’apparition de différents symptômes notamment :

  • l’apparition de varices sur les jambes.
  • une sensation de jambes lourdes, en particulier en fin de journée.
  • des fourmillements ou un besoin irrépressible de bouger les jambes.
  • des crampes musculaires nocturnes.
  • les œdèmes, caractérisés le plus souvent par un gonflement des mollets, des chevilles ou des pieds.

Varices

La grossesse semble augmenter le risque de varices ; celles-ci provoquent des douleurs considérables, des crampes nocturnes, rendent les jambes lourdes et douloureuses et sont assez laides (2). La première grossesse augmente le risque de varices de 23%, la seconde et la troisième grossesse de 27%. Une varice survient quand une vanne dans la paroi d’un vaisseau sanguin s’affaiblit et que le sang stagne. Cela conduit à des problèmes de circulation dans les veines et à un œdème ou gonflement. La veine se distend alors, ses parois s’étirent et se relâchent, permettant à la veine de gonfler en un tout petit ballon près de la surface de la peau. Les veines des jambes sont plus souvent touchées car elles travaillent à l’encontre de la gravité, mais la vulve (l’orifice vaginal) ou le rectum peuvent aussi être affectés, entraînant des varices vulvaires et hémorroïdes. Certaines localisations variqueuses sont plus particulièrement liées à la grossesse, comme les varices vulvaires et vaginales (3) (4). Elles se rencontrent dans près de 20 % des cas ; souvent unilatérales, apparaissant au troisième trimestre, elles peuvent être énormes, gênant la marche et la station debout, et responsables de dyspareunies, de pesanteurs vaginales et de prurit.

Conseils d’hygiène de vie pour agir sur les facteurs de risque favorisant les varices :

Dans un premier temps, ce que vous devez éviter de faire ! (5)

  • Eviter, les stations debout et assise prolongées dans la mesure du possible. Elles diminuent le retour veineux et favorisent la sensation de jambe lourde, la survenue de varices et d’œdème.
  • Eviter l’exposition prolongée à des sources de chaleur (exposition solaire, sauna, hammam…). La chaleur entraîne une vasodilatation veineuse risquant d’aggraver les varices.
  • Le port de talons hauts et de mi-bas à élastiques trop serrés car ils ralentissent le retour veineux.

Et maintenant, que faire pour éviter et les soulager ?

  • Pratiquer des activités physiques qui abaissent l’hypertension par activation de la pompe veineuse. La marche, l’aquagym sont classiquement conseillés.
  • Les douches d’eau froide matin et soir entraînent une vasoconstriction veineuse. Elles diminuent l’œdème du pied et de la cheville et soulagent les symptômes d’insuffisance veineuse.
  • La surélévation des jambes la journée si possible, et des pieds du lit la nuit (10-15 cm).
  • La lutte contre la surcharge pondérale. Eviter de prendre trop de poids pendant la grossesse.
  • La pratique d’exercices musculaires simples. On pourra, par exemple, en cas de position assise prolongée, pratiquer des flexions de la cheville en surélevant le pied tout en gardant le talon au sol ou se hisser sur la pointe des pieds en cas de position debout prolongée.

Hémorroïdes

Les hémorroïdes sont des veines dilatées qui se forment dans la paroi du rectum et de l’anus (6). Elles peuvent résulter de la constipation, de la pression accrue sur les veines rectales lors de la grossesse ou de l’action de certaines hormones sur le système gastro-intestinal (7). Les hémorroïdes ne présentent pas de conséquences nuisibles sur la santé de la femme enceinte ou à celle de son bébé à naître, mais entraînent un inconfort. Les symptômes incluent (6) :

  • des démangeaisons ou des douleurs dans la région anale.
  • des saignements mineurs lors de la défécation.

La prévalence attribuée aux hémorroïdes varie considérablement d’une étude à l’autre, allant de 5 à 85 % chez les femmes enceintes (7), principalement lors des deuxième et troisième trimestres. Bien qu’elles régressent habituellement après l’accouchement, les hémorroïdes demeurent présentes chez de 15 à 24 % des nouvelles mères (7).

Pour traiter les hémorroïdes, les mesures suivantes sont utiles (8) :

  • Bien nettoyer la région anale après chaque selle.
  • Faire des bains de siège à l’eau tiède 3 à 4 fois par jour pendant de 15 à 20 minutes.

Faire une application locale de crème ou d’onguent car cela peut aider à réduire les symptômes associés aux hémorroïdes (douleur, sensation de brûlure, démangeaison, inconfort et irritation).

Crapes dans les jambes

Les crampes dans les jambes constituent un malaise courant durant la grossesse. Environ de 5 à 30 % des femmes enceintes en souffriraient (9). Ces crampes constituent des contractions musculaires involontaires qui entraînent une douleur aux mollets ou aux pieds. Elles surviennent le plus souvent pendant la nuit et deviennent plus fréquentes au cours du deuxième ou troisième trimestre (10). Leurs causes exactes ne sont pas connues, mais certaines recherches suggèrent que l’accumulation d’acides lactique et pyruvique dans les jambes due à une mauvaise circulation sanguine serait en cause (10). Ce malaise est également associé à une déficience en magnésium (9). Les crampes dans les jambes ne sont pas dangereuses pour la santé de la femme enceinte ou celle du fœtus.

Pour aider à prévenir les crampes dans les jambes pendant la grossesse, les mesures suivantes peuvent être utilisées :
• Étirer les muscles du mollet avant d’aller au lit (10).
• Pratiquer une activité physique (10).
• Bien s’hydrater (10).
• Prendre des suppléments de magnésium ou de sodium (9) (10) (11).
Les multivitamines ou les suppléments minéraux semblent également aider à réduire les crampes mais le calcium n’offre, quant à lui, aucun bénéfice (11).

Lorsqu’une crampe se présente, les mesures suivantes peuvent aider (10) :
• Étirer les muscles douloureux.
• Marcher ou secouer les jambes.
• Prendre une douche ou un bain chaud.
• Masser les muscles douloureux avec de la glace.

Des insuffisances veineuses, mais pourquoi ? et que peut faire l’ostéopathie ?

La grossesse donne lieu à de nombreuses adaptations du système circulatoire (12). Ces troubles vasculaires sont provoquée d’une part, par une augmentation de la distensibilité veineuse sous l’effet des médiateurs hormonaux qui devient maximale près du terme (13). En effet, l’œstradiol et la progestérone vont avoir une action vasodilatatrice qui contribue à l’augmentation du diamètre des veines (14). Mais surtout, secondaire à l’augmentation du poids et de la taille de l’utérus combinée à des modifications de la posture, notamment au niveau du bassin. Ces changements morphologiques augmentent la compression sur les vaisseaux et empêchent le retour veineux dans la circulation centrale (15) (16) en créant un effet de clapet qui augmente l’accumulation de sang dans les extrémités inférieures (17). Ceci entraîne une stase veineuse au niveau des membres inférieurs, d’où la majoration du risque d’insuffisance veineuse chez la femme enceinte. Cet effet peut être exacerbée en présence de blocage mécanique du bassin.

L’ostéopathie va pouvoir améliorer le drainage des membres inférieur et ainsi limiter les insuffisances veineuses en améliorant la mobilité pelvienne et les restrictions structurelles, notamment au niveau du bassin, favorisant ainsi le pompage vasculaire par les muscles (18). De plus, l’ostéopathe va pouvoir améliorer la circulation périphérique en traitant les plans fasciaux à travers lesquels les vaisseaux sanguins voyagent. Ces tensions peuvent être très petites, mais suffisamment importantes pour gêner la circulation sanguine dans les vaisseaux sanguins, en particulier dans les vaisseaux à basse pression, et contribuer ainsi à limiter le drainage veineux et favorise la congestion des tissus. Le relâchement de ces contraintes fasciales peut augmenter le retour veineux vers la circulation centrale (19) et réduire ainsi les insuffisances veineuses.

Bibliographie